Intervention de Stéphane Peu

Séance en hémicycle du jeudi 7 octobre 2021 à 9h00
Justice et autonomie en faveur des personnes en situation de handicap — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Peu :

Oui, ce texte va dans le bon sens. Il propose d'abord d'élargir à trois nouveaux domaines le champ d'intervention des aides humaines prises en charge au titre de la prestation de compensation du handicap : la surveillance et l'assistance, le soutien à l'autonomie globale et la participation à la vie sociale et citoyenne. La proposition de loi vise également à garantir l'accès à cette prestation, qui ne bénéficie aujourd'hui qu'à 315 000 personnes, à l'ensemble de celles et ceux qui souffrent d'une altération de leurs capacités, qu'elles soient physiques, psychiques ou cognitives – ce qui inclut les sujets majeurs que sont l'autisme et la maladie d'Alzheimer. En ouvrant le droit à la PCH quelles que soient les formes de handicap, la proposition de loi répare une injustice qui sévit au cœur même de l'injustice qu'est le handicap.

Le texte ouvre également un droit de recours au demandeur et prévoit l'obligation de le recevoir en cas de refus d'attribution de la PCH. Il s'agit d'une mesure utile, alors que le taux d'acceptation des demandes n'a cessé de baisser pour passer sous la barre des 45 % ; il s'établissait à 77 % en 2008.

Nous regrettons toutefois que la proposition de loi ne se soit pas saisie d'une autre injustice, dénoncée par l'ensemble des associations, en ne relevant pas la barrière d'âge de l'attribution au-delà de 60 ans. Quel paradoxe qu'en matière de handicap, les plus de 60 ans soient considérés comme « trop âgés » pour percevoir une prestation compensatoire, alors que lorsqu'il s'agit des retraites, on n'est jamais trop âgé pour continuer de travailler !

Le deuxième volet de la proposition de loi porte sur la déconjugalisation de l'allocation aux adultes handicapés, c'est-à-dire sur la suppression de la prise en compte des revenus du conjoint dans son calcul. Ce n'est pas la première fois que nous débattons de ce sujet dans l'hémicycle. Cela a été rappelé, ma collègue Marie-George Buffet avait en effet déposé une proposition de loi en ce sens en 2018. Après son adoption par le Sénat, nous avions examiné en juin dernier un autre texte, dont j'étais le rapporteur avec ma collègue Jeanine Dubié.

En recourant à des procédures et à des artifices, mes chers collègues, madame la secrétaire d'État, vous avez désactivé ce texte ; ce faisant, vous êtes restés impassibles devant les si nombreux témoignages de couples et de vies brisés par l'insupportable prix de l'amour que constitue la conjugalisation.

À défaut d'avoir de la considération pour les oppositions parlementaires, ayez-en pour les associations, unanimes sur le sujet. Elles se sont à nouveau rassemblées, partout en France, le 16 septembre dernier. Elles demandent quelque chose de simple, de très simple : ne plus avoir à choisir entre la vie de couple et l'indépendance financière.

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