Intervention de Benoit Simian

Séance en hémicycle du jeudi 7 octobre 2021 à 15h00
Lutte contre la disparition des abeilles — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBenoit Simian :

Une menace plane sur nos ruches. En vingt ans, le taux de mortalité des abeilles est passé de 5 % à 30 %. Cette disparition, loin d'être anodine, nous inquiète.

Les chercheurs du laboratoire de l'INRAE d'Avignon, spécialistes en matière de pollinisation, sont formels : 84 % des espèces de plantes à fleurs qui sont aujourd'hui répertoriées sur la Terre ont besoin des abeilles. En Europe, ce sont 85 % des plantes cultivées qui ne survivraient pas sans la pollinisation qu'assurent les butineuses.

Les pollinisateurs sont un des maillons indispensables à l'équilibre de nos écosystèmes. Sans abeilles, c'est la fin des fleurs qui se profile. Sans abeilles, c'est la flore et la faune qui disparaissent peu à peu. Sans abeilles, c'est la biodiversité qui est mise à mal, et avec elle l'avenir de l'humanité.

Nous le savons : un monde sans pollinisateurs n'est pas envisageable. D'autres ont déjà rappelé la phrase d'Einstein. Oui, notre planète brûle !

Dans mon territoire, comme dans d'autres, les viticulteurs l'ont bien compris et ont installé de nombreuses ruches sur des corridors écologiques ; ils sortent de la chimie.

Tout l'enjeu aujourd'hui est donc de savoir pourquoi les butineuses sont en déclin, et comment les protéger. Plusieurs causes sont avancées : le dérèglement climatique, les difficultés de gestion des ruches, la menace du frelon asiatique ou encore celle du varroa.

Mais le problème principal, nous le connaissons. Ce sont les pesticides, notamment ceux de la famille des néonicotinoïdes.

Je ne referai pas ici le débat autour de la loi relative aux conditions de mise sur le marché de certains produits phytopharmaceutiques en cas de danger sanitaire pour les betteraves sucrières. Je me contenterai de rappeler que la majorité du groupe Libertés et territoires avait voté contre la réintroduction des néonicotinoïdes, quand bien même celle-ci serait limitée dans le temps. Pas moins de 1 222 études ont prouvé la dangerosité de ces produits : ils empoisonnent durablement nos sols et tout ce qui y pousse – avec ou sans fleur, d'ailleurs. Ils polluent nos nappes phréatiques. Ils affectent aussi la faune et en particulier les pollinisateurs. La mortalité dans les colonies d'abeilles a été multipliée par six. Nous cherchions les responsables du déclin des butineuses : les voilà !

Je ne minimise pas, pour autant, la menace que représente le frelon asiatique. Il a envahi aujourd'hui presque tout le territoire national, et une majorité des apiculteurs français sont confrontés à son action néfaste sur les ruches. C'est un véritable fléau ! Je comprends et partage les inquiétudes des apiculteurs qui constatent, année après année, l'incidence grandissante de ce prédateur. Nous assistons désarmés à un véritable effondrement des colonies.

Malgré les alertes des apiculteurs à propos de la menace représentée par ce nuisible, qui ont été lancées tôt, trop peu est fait pour lutter contre sa prolifération. Il y a bien quelques initiatives locales, mais pas de réelle coordination de la lutte au niveau national ni de moyens spécifiques. Nous attendons que le plan Pollinisateurs permette enfin de dégager les sommes nécessaires à l'éradication de cette calamité.

Il est également nécessaire de s'attaquer à une autre cause, plus structurelle, du déclin des abeilles : la perte de biodiversité. Les pollinisateurs ont besoin d'une large diversité de plantes mellifères pour se maintenir en bonne santé : le recours accru à la monoculture, et plus globalement l'érosion de la biodiversité, leur portent préjudice. Là aussi, la politique de restauration et de préservation de nos ressources naturelles se doit d'être plus ambitieuse. Le projet de loi de finances pour 2022 esquisse un premier pas en ce sens ; il faudra aller plus loin et agir sur le long terme.

Il est également urgent d'accompagner nos apiculteurs en cette période difficile. Quelques chiffres que je vous jette en pâture : en 1995, 33 000 tonnes de miel ont été produites en France ; en 2000, nous sommes tombés à 18 000 tonnes, et en 2021, moins de 10 000 tonnes auront été produites, en raison d'un climat défavorable, donc d'un manque de nourriture pour les abeilles. Madame la secrétaire d'État chargée de la biodiversité, comment entendez-vous soutenir nos apiculteurs ?

Le groupe Libertés et territoires, conscient de la place prépondérante qu'occupent les abeilles au sein de notre écosystème, et convaincu de la nécessité de les préserver, votera cette proposition de résolution. Mais nous souhaitons aller plus loin et nous appelons le Gouvernement à déployer rapidement le plan Pollinisateurs.

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