Comment ne pas être d'accord avec cette proposition de résolution ? Vous avez raison, chers collègues du groupe Les Républicains, l'abeille, c'est la vie ! Et l'abeille est un symbole aussi. En cette année du bicentenaire de Napoléon, je me plais à rappeler qu'il l'avait choisie pour orner ses armoiries.
Malheureusement, cet insecte est en danger : depuis quelques années, la population d'abeilles est en très forte diminution et, dans certaines zones, elles disparaissent totalement. Les principaux chiffres ont été rappelés ; permettez-moi d'en choisir quelques-uns parmi les plus parlants : les populations d'abeilles domestiques chutent chaque année de 30 % en France. En Europe, elles ont diminué de 25 % entre 1985 et 2005, et certains avancent des chiffres supérieurs. Ces derniers hivers, la mortalité des populations d'abeilles a pu atteindre 53 % dans certains pays.
En France, la production annuelle de miel est passée d'environ 35 000 tonnes au début des années 1990 à environ 15 000 tonnes aujourd'hui, soit une diminution de plus de 50 % sur cette période. Si la production est en chute libre, la consommation de miel est très stable : elle s'élève à environ 40 000 tonnes par an, ce qui signifie que nous importons de divers pays de l'Union Européenne, mais aussi de Chine ou d'Argentine, plus de la moitié du miel que nous consommons. Ce miel importé est souvent moins cher, mais aussi de moindre qualité. Interrogeons-nous sur ce constat.
Bref, il est temps de prendre le problème à bras-le-corps. L'abeille contribue à la reproduction de 80 % des espèces de plantes à fleurs, ce qui en fait une alliée nécessaire à nos écosystèmes et notre agriculture. Là encore, comme vous l'avez dit, cher Robert Therry, il est grand temps de cesser d'opposer apiculteurs et agriculteurs. Nous devons relever ensemble ce défi dont les enjeux sont si importants.
Parmi les nombreux prédateurs de nos si utiles abeilles, il en est un qui est particulièrement dangereux : le frelon asiatique, qui s'attaque principalement aux ouvrières des ruches. Introduit accidentellement en France dans les années 2000, il a très vite colonisé et détruit les ruches, malheureusement sans susciter aucune réaction des responsables politiques pourtant alertés de cette menace grandissante.
À Béziers, la ville possède ses propres ruches et, chaque année, nous organisons la fête du miel qui rencontre toujours un vif succès. Toutefois, bien entendu, cela ne suffit pas. S'il est important d'agir au niveau local, car il existe dans ce domaine aussi des gestes qui sauvent comme planter des espèces mellifères, consommer du miel local, parrainer une ruche, à l'évidence cela ne suffit pas et il faut agir rapidement au niveau national et même européen, tant les conséquences de la disparition des abeilles seraient désastreuses.
Le plan national mis en œuvre par le Gouvernement en faveur des insectes pollinisateurs, sorte de feuille de route pour contrer la disparition accélérée de ces indispensables insectes, a été présenté le 11 juin dernier. Il porte sur la période 2021-2026 et rassemble des mesures pour restaurer les habitats de ces insectes, améliorer la disponibilité de leurs ressources alimentaires ou encore restaurer les services écologiques rendus par la pollinisation. Malgré ces quelques avancées, ce plan reste insuffisant et il est malheureusement en dessous des attentes des apiculteurs : selon les organisations apicoles, c'est un coup d'épée dans l'eau.
Il est donc grand temps de réunir autour de la table les différents acteurs, à commencer, bien sûr, par nos agriculteurs et nos apiculteurs. Bien évidemment, il faut voter cette proposition de résolution et, surtout, il faut y faire droit afin que la sauvegarde de l'abeille soit déclarée grande cause nationale 2022. Protégeons nos abeilles et consommons du miel français !