Les deux rapporteurs ont en effet conclu que la relocalisation de la fabrication des masques devait constituer une priorité absolue non seulement pour des motifs stratégiques, économiques et sanitaires évidents, mais aussi pour des raisons environnementales, dans la mesure où les normes de production, la traçabilité de la composition des masques et les enjeux d'écoconception constituent des données cruciales qui doivent également être prises en considération.
Mais nos collègues se sont surtout penchés sur la question du recyclage : que faire de ces 40 000 tonnes de déchets qui n'ont pas été recyclées en France en 2020, en raison de l'explosion de la consommation de masques ? L'enjeu environnemental est de taille puisque, rappelons-le, chaque étape du cycle de vie des masques est source de pollution. Leur production nécessite l'extraction de pétrole ; leur fabrication et leur transport ont une empreinte carbone considérable. Lorsqu'ils sont correctement collectés avec les ordures ménagères, les masques finissent souvent incinérés ou enfouis. Ils sont aussi malheureusement jetés à terre ou dans la nature, et risquent alors de rejoindre les réseaux d'eau pluviale ou d'assainissement, tout comme les lingettes dont le traitement pose des difficultés dans les stations d'épuration.
Face à l'aggravation de ce risque environnemental, nos collègues Leseul et Brulebois ont formulé plusieurs propositions. Tout d'abord, puisque le meilleur déchet est celui que l'on ne produit pas, ils préconisent le lancement d'une campagne d'information à destination du grand public et des entreprises sur les bénéfices du masque réutilisable. Une deuxième proposition concerne le développement dans les lieux collectifs – supermarchés, établissements d'enseignement, lieux d'accueil du public – de points de collecte dédiés aux masques usagés. Ils suggèrent ensuite un renforcement du soutien financier de l'État en faveur du recyclage des masques usagés et, enfin, l'intégration du recyclage de masques jetables dans une filière de recyclage existante ou à l'état de projet. Bref, des mesures concrètes ont été mises sur la table.
La mission a rendu ses conclusions en janvier dernier et aujourd'hui, en octobre, le groupe Les Républicains présente une résolution visant à favoriser la relocalisation et le recyclage de masques. Il serait donc intéressant d'entendre le Gouvernement sur les suites qui ont été données au rapport de la mission menée par nos deux collègues.
Je tiens enfin à dire quelques mots de l'extraordinaire mobilisation des élus locaux autour des masques. Pendant la pénurie, les collectivités ont en effet démontré leur capacité à réagir rapidement et efficacement en temps de crise. Plus tard, au moment de gérer l'épineuse question de la gestion des masques usagés, de nombreuses initiatives locales, soutenues par des collectivités, ont émergé pour proposer des solutions de recyclage. Nous sommes donc collectivement reconnaissants envers les élus et devons poursuivre nos efforts pour les soutenir dans cette période qui demeure périlleuse.
Le groupe Socialistes et apparentés votera cette proposition de résolution tout en alertant sur le fait qu'elle ne doit pas rester lettre morte. Il est impératif de passer maintenant à l'action. Nous avons tout ce qu'il faut : des travaux parlementaires ont été menés pour nourrir nos réflexions au plan national ; au plan local, de nombreuses initiatives ont émergé. Pour passer à la vitesse supérieure, nous avons désormais besoin d'une véritable stratégie nationale et des moyens humains et financiers nécessaires à sa mise en œuvre.