Nous débattons d'une proposition de résolution visant à relocaliser et créer une filière française de production et de recyclage de masques. Ce débat nous permet de dresser un état des lieux de la situation et de montrer à quel point nous avons su collectivement relever le défi des masques face à la crise sanitaire. Nous devons bien entendu tirer les enseignements de ce qui s'est passé, mais ne pas oublier non plus que nous avons bien résisté grâce à tous les acteurs mobilisés : les entreprises, les collectivités locales, les bénévoles et les différents corps de l'État.
Revenons en arrière, à ce qui s'est passé il y a un an. Lorsque la crise du covid-19 est apparue en Europe, au début de l'année 2020, nul ne pouvait imaginer qu'elle prendrait quelques semaines plus tard un tournant aussi dramatique. Pendant la première vague, nous avons dû accroître notre capacité de production de masques sanitaires. Mais rappelons-nous qu'à l'époque, ce fut aussi grâce à la solidarité de plus d'une trentaine d'usines du Maroc et de Tunisie – clin d'œil à ma circonscription – et grâce au concours des entreprises françaises basées dans ces deux pays que nous avons pu nous approvisionner en urgence. Je voudrais ici remercier ces entreprises, ainsi que nos compatriotes travaillant dans le royaume et en Tunisie, qui ont ainsi contribué à l'effort national. Je pense particulièrement à l'entreprise DMD à Monastir, en Tunisie, dirigée par Frédéric Duclaux-Monteil, dont je salue chaleureusement les équipes.
Face à l'urgence, des moyens exceptionnels ont été mis en œuvre pour faire face à la demande. Sous l'impulsion du comité stratégique de la filière mode et luxe, de nombreuses entreprises du textile et de l'habillement se sont regroupées dès le printemps 2020 afin de coordonner la fabrication de 200 millions de masques. Nous pouvons être fiers de cette mobilisation. L'enjeu désormais est de pérenniser cette production française, afin d'être prêts collectivement en cas de nouvelle crise sanitaire. La production a aujourd'hui diminué du fait de la régression de la circulation du virus mais les besoins existent, notamment pour alimenter le système de soins.
Dans le même temps, la filière continue de s'implanter. L'État a été présent et continue de l'être pour structurer la filière industrielle dans tout le territoire national et sous votre impulsion, madame la ministre déléguée. Les entreprises bénéficient en outre d'un soutien financier de l'État, dont on peut dire qu'il est au rendez-vous. La filière compte aujourd'hui une trentaine de producteurs de masques sanitaires, contre quatre avant la crise du covid-19.
Bien sûr, cela ne permet pas d'effacer notre dépendance aux produits étrangers, notamment chinois, mais nous pouvons continuer de rendre attractive et compétitive la filière française. Pour cela, les acheteurs privés et publics doivent s'engager, notamment le milieu hospitalier et les collectivités territoriales. Responsabilisons ces acteurs pour faire vivre notre filière ! Ainsi, nous pourrons maintenir une production française disponible face aux crises sanitaires qui pourraient à nouveau sévir.
Cette excellente proposition de loi soulève aussi la question du recyclage des masques. Ce sont plus particulièrement les déchets générés qui constituent un véritable enjeu environnemental. Une mission flash a d'ailleurs été lancée dès l'année dernière par la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire, concernant le traitement des masques usagés. Nous devons trouver des solutions pour prévenir la pollution de l'environnement provoquée par ces masques. La quantité de déchets qui en découlent est en effet évaluée à 40 000 tonnes par an par la direction générale de la prévention des risques (DGPR). Comment agir pour lutter contre la pollution engendrée par ces masques ? Là encore, nous devons avancer.
En conclusion, le groupe Agir ensemble soutient bien entendu la réindustrialisation d'une filière française du masque. Mais l'État n'a pas attendu cette proposition de résolution pour agir : nous devons donc continuer de structurer la filière, la soutenir et travailler davantage avec les collectivités locales, afin de poursuivre son renforcement dans les territoires. Nous voterons donc la proposition de résolution et soutenons l'action du Gouvernement pour la réindustrialisation dans notre pays, qui constitue un enjeu de souveraineté nationale.