Dix-huit mois de crise sanitaire plus tard, rien n'est fait : c'est même tout l'inverse car ceux qui s'étaient engagés hier pour construire notre souveraineté sanitaire se retrouvent aujourd'hui en grande difficulté financière, pour ne pas dire au bord du dépôt de bilan. Selon Alexandra Biescas, secrétaire générale du Syndicat des fabricants français de masques, la filière française a déjà diminué sa production de masques de 50 % en moyenne ces quatre derniers mois, malgré les achats du gouvernement français pour reconstituer les stocks nationaux. Plus grave, selon le syndicat, depuis l'été 2020, la quasi-totalité des appels d'offres lancés pour des masques a été remportée par des importateurs étrangers, au grand dam des producteurs locaux.
L'explication est simple : c'est, comme toujours, une affaire de gros sous. Lorsque cinquante masques français coûtent 7 euros, cinquante masques chinois en coûtent 1,20. Nous sommes bien loin des grandes promesses, loin du soutien massif promis à une filière pourtant indispensable à notre autonomie sanitaire. C'est regrettable car, même si je ne le souhaite pas bien évidemment, il ne faut pas être naïfs : il est fort à craindre que nous ne soyons à nouveau frappés par d'autres épidémies au cours des prochaines décennies.
Si cette proposition de résolution n'a qu'une portée limitée et symbolique, elle a au moins le mérite de nous rappeler combien il est urgent de construire notre souveraineté sanitaire, en nous inscrivant dans une démarche plus globale de réindustrialisation des secteurs stratégiques et de recyclage des déchets, notamment celui des masques sanitaires. Je voterai bien sûr cette résolution ; reste à espérer qu'elle soit suivie d'effets.