Intervention de Emmanuelle Ménard

Séance en hémicycle du mardi 12 octobre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Après l'article 3

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Ménard :

Il vise à supprimer complètement l'abattement fiscal dont bénéficient les journalistes. À l'heure où les Français font preuve d'une réelle méfiance à l'égard de cette profession, un tel privilège est de moins en moins compréhensible et ne peut qu'entretenir cette suspicion.

Au-delà des subventions touchées par les journaux, on peut s'interroger sur les bienfaits des petits avantages accordés à la profession de journaliste, tels que cette niche fiscale dont ils bénéficient encore. Même si celle-ci a été rabotée par le Parlement en 2018, il n'en reste pas moins qu'actuellement, un journaliste qui gagne moins de 6 000 euros net par mois et moins de 93 510 euros par an pourra défalquer 7 650 euros de son revenu annuel déclaré. Autrement dit, un journaliste qui gagne par exemple 30 000 euros par an n'en déclarera que 22 350.

Il est difficile de comprendre comment le Gouvernement peut estimer qu'un retraité est aisé lorsqu'il touche une pension de retraite de 1 200 euros – souvenez-vous, l'exécutif en avait profité pour porter le taux de la contribution sociale généralisée (CSG) des retraités à 1,7 % – et en même temps trouver normal d'aider un journaliste gagnant 6 000 euros net par mois. Ce traitement de faveur est incompréhensible pour les Français. Supprimer les avantages accordés aux journalistes est donc une mesure de justice sociale.

La demande formulée par la Cour des comptes d'un réexamen des justifications sous-tendant le régime de l'abattement pour frais professionnels des journalistes – 135 millions d'euros de perte de recettes fiscales, dont 35 millions d'euros d'impôt sur le revenu et 100 millions d'euros de cotisations sociales, pour la seule presse écrite – n'a jamais été suivie d'effet. Il est temps de s'y attaquer.

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