Intervention de Pierre-Yves Bournazel

Séance en hémicycle du mercredi 20 décembre 2017 à 15h00
Organisation des jeux olympiques et paralympiques de 2024 — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Yves Bournazel :

Accélérateur en matière de logement, à travers la réalisation de nouveaux écoquartiers sur les sites des villages des athlètes et des médias. Accélérateur en matière de développement de la pratique sportive et de transformation du modèle du sport français, ce qui, je le sais, vous tient à coeur, madame la ministre.

Ces enjeux fondateurs de l'ambition de laisser un héritage, qui caractérise Paris 2024, ne relèvent toutefois pas directement du projet de loi olympique et paralympique. En effet, ce texte vise d'abord à transcrire les engagements du contrat de ville hôte que nous avons passé avec le Comité international olympique – c'est une procédure classique qui revient à chaque organisateur de l'événement. L'objectif de cette loi est ainsi de s'assurer que nous pourrons livrer les Jeux dans les délais et assurer leur bonne organisation. Elle doit nous en donner les moyens, de manière pragmatique et responsable.

Le fait que 95 % des sites olympiques et paralympiques existent déjà ou soient de nature temporaire permet à la France de présenter un projet maîtrisé sur le plan financier. En effet, je rappelle que le financement public se limite à un investissement total de 1,5 milliard d'euros. Il nous revient toutefois de construire, en vue de l'échéance de 2024, un centre aquatique, un village des athlètes, un village des médias, et de respecter cette date butoir. Or, nous le savons bien, sept ans, pour des opérations d'urbanisme d'une telle envergure, constitue un horizon relativement court, d'autant que nous avons pour ambition de produire des sites exemplaires sur le plan architectural et environnemental. Aucun retard ne nous est permis. Aussi, pour ce projet exceptionnel, est-il nécessaire de prendre des mesures adaptées et dérogatoires.

À ce titre, monsieur le secrétaire d'État, Paris 2024 peut aussi se révéler une opportunité pour réfléchir à la complexité de notre droit de l'urbanisme et de certaines procédures administratives. Deux objectifs doivent être poursuivis : simplifier les modalités des opérations d'aménagement et moderniser la participation aux enquêtes publiques. Notre groupe soutiendra donc les amendements du Gouvernement qui vont dans ce sens.

Se donner les moyens de réussir les Jeux, c'est également créer les conditions d'une participation optimale de nos entreprises et de la population. À cet égard, dès la phase de candidature, une charte sociale a été élaborée entre Paris 2024, les représentants des syndicats et ceux des entreprises ; elle comporte seize engagements, portant notamment sur l'accès à l'emploi des publics éloignés, l'accès des petites et moyennes entreprises à l'information concernant les appels d'offres, les clauses de responsabilité sociale et environnementale des entreprises dans les marchés publics, la prévention des discriminations ainsi que la formation et la professionnalisation des parcours des publics jeunes. Nous devrons tenir ces engagements pour optimiser l'impact économique et social des Jeux.

L'exemple de Londres 2012 doit d'ailleurs être une source d'inspiration et un objectif : 91 % des contrats signés étaient revenus à des entreprises britanniques, pour un montant de 7,5 milliards de livres. À titre de comparaison, pour l'Euro 2016, seuls 58 % des contrats ont été attribués à des entreprises françaises. Avec pragmatisme et lucidité, nous devons en tirer les enseignements et défendre le made in France. Notre groupe souscrit donc pleinement à la proposition du rapporteur pour avis Patrice Anato d'élaborer une charte nationale d'insertion par la SOLIDEO dans le cadre de la réalisation des ouvrages et des opérations d'aménagement nécessaires à l'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024.

L'originalité de la démarche française réside dans la volonté du Gouvernement de prévoir, au titre IV du projet de loi, un renforcement de la transparence financière et un contrôle plus strict des organes de gouvernance des Jeux. Elle témoigne de l'engagement lucide de la France en faveur de la lutte contre le dopage, de la lutte contre la corruption dans le sport et de l'éthique dans les instances de décision. C'est une démarche innovante qui doit permettre d'éviter les dérives et participe à l'esprit de rénovation voulu par le Comité international olympique.

Au-delà de la loi olympique et paralympique, le mouvement sportif et le monde associatif attendent une transformation profonde du modèle du sport français. C'est le défi à relever grâce à Paris 2024, qui prend la forme d'une modernisation de la gouvernance – je pense par exemple à la limitation des mandats dans le temps ou à l'accès des femmes aux postes de responsabilité. Nous devons bâtir un modèle plus partenarial en matière de responsabilité et de financement entre l'État, les collectivités, le monde sportif et le monde économique, un modèle qui rapproche davantage le monde du sport scolaire et le monde associatif pour dynamiser la chaîne de la pratique sportive.

L'ambition de Paris 2024 est d'offrir des Jeux qui marqueront l'histoire. Accueillir le plus grand événement au monde est une chance unique de montrer le savoir-faire de nos entreprises, de braquer à nouveau les projecteurs sur notre pays et de réunir l'ensemble des nations autour d'un événement fédérateur comme il en existe si peu.

Madame la ministre, comme moi et comme beaucoup de nos concitoyens, vous conservez, je le sais, un souvenir extraordinaire de la magnifique journée du 23 juin dernier, au cours de laquelle Paris s'est habillée aux couleurs olympiques et paralympiques, vivant intensément la beauté du sport et partageant le rêve de Paris 2024 : quelle image fantastique que de voir le Grand Palais, le Petit Palais, le pont Alexandre-III, l'esplanade des Invalides, tous ces monuments transformés en terrains de sport, et la Seine accueillir une piste d'athlétisme ! Ce fut une vision spectaculaire de la culture et du sport réunis. C'est bien l'ambition que porte Paris 2024, en inscrivant les Jeux au coeur du patrimoine historique de notre capitale, de notre région et de notre beau pays.

La France montre qu'elle compte de nouveau sur la scène internationale, que sa voix porte, qu'elle est écoutée et entendue. Les Jeux olympiques et paralympiques représentent une opportunité formidable, unique, de partager le message de la modernité et de l'identité françaises. Madame la ministre, je pourrais – étant, vous le savez, convaincu de longue date par cette candidature – vous chanter la Marseillaise,

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