peut-être s'agit-il du règne de la technocratie. Cette énième demande de prorogation d'un dispositif d'exception atteste d'une approche trop sécuritaire de la gestion de la crise, d'une politique disciplinaire au nom, voire en lieu et place, de la prévention sanitaire. Pourtant, comme le souligne le Conseil scientifique dans son avis récent, « la situation sanitaire en Europe s'est considérablement améliorée grâce à la vaccination ». Le taux de couverture vaccinale est satisfaisant pour les adultes, les jeunes adultes et les adolescents : vous connaissez les chiffres.
Dans ce contexte d'accalmie, pourquoi prévoir de légiférer par ordonnance et de procéder à de potentielles restrictions massives, vous autorisant à utiliser des dispositifs exorbitant du droit commun ? La meilleure façon de nous protéger consiste à nous appuyer sur le terrain, sur les maires, sur les départements, sur les acteurs de proximité, pour « aller vers » et mobiliser les caisses primaires d'assurance maladie (CPAM), non pas pour donner des missions nouvelles à la communauté éducative, comme vous prévoyez de le faire par voie d'amendement gouvernemental. Ce qu'il faut, c'est réveiller, soutenir et réarmer la médecine scolaire, en vue de privilégier la démocratie sanitaire.
Dans les territoires d'outre-mer, le faible taux de vaccination s'inscrit dans un contexte de défiance qui dépasse largement le cadre de la seule crise sanitaire, et englobe les scandales d'État que constituent l'empoisonnement au chlordécone ou les essais nucléaires en Polynésie : la parole publique abîmée aboutit à la situation que nous connaissons.
Le calendrier électoral – élections présidentielle et législatives, clôture de la session parlementaire à la fin du mois de février 2022 – n'est pas un argument recevable pour refuser de consulter le Parlement, que vous pouvez réunir où vous voulez, quand vous voulez, y compris en session extraordinaire,…