Le thème des pupilles de la Nation est récurrent. Tous les ans, nous y revenons. Il n'est évidemment pas question de remettre en cause le texte de 2004, cela n'a jamais été notre propos ni notre demande, mais vous reconnaîtrez que ce texte bénéfique introduit aussi une forme de hiérarchisation de la douleur, de la souffrance. J'entends, et je le dis avec beaucoup de précaution et de respect, qu'il y a eu des exterminations, des crimes contre l'humanité, mais ce sont des arguments difficilement entendables par les orphelins dont un parent a pu être assassiné, fusillé par un soldat allemand. Vous savez qu'il y a tous ces cas. Quand nous en parlons avec ces orphelins, ils ont aujourd'hui encore les larmes aux yeux, ils sont inconsolables parce qu'ils ont été privés de leur père ou de leur mère, et les conditions humaines sont les mêmes. Ils ont donc le sentiment d'une forme de hiérarchisation de leur peine, de leur douleur. Ils ne sont plus que 26 000 et j'aimerais que l'on n'attende pas le dernier souffle du dernier pupille de la nation pour agir enfin.