Il est vrai qu'en tant que parlementaires, nous disposons d'assez peu d'éléments sur le sujet, puisque nous n'avons que les chiffres qu'on finit tous par connaître, ceux des personnes qui sont passées à l'acte et se sont suicidées. Mais nous n'avons pas du tout d'éléments sur les tentatives de suicide. Vous venez de l'évoquer, il y a des cellules de crise, des prises en charge, etc., mais nous restons dans le flou.
Toujours est-il que je voudrais évoquer deux éléments. Premièrement, les principales victimes des armes à feu des policiers sont les policiers eux-mêmes. Il ne faut jamais l'oublier, surtout quand on parle de plus en plus d'utiliser les armes en dehors du service, notamment dans les trains. Je voulais apporter ce point au débat, parce qu'il me paraît déterminant.
Deuxièmement, la ministre déléguée a dit qu'il est tabou, dans la police, de dire qu'on va mal – c'est le cas dans beaucoup d'endroits, mais particulièrement dans la police. C'est vrai, je partage con constate qui est clair et net. Mais il y a une autre dimension : quand un policier ou un gendarme met fin à ses jours, aucun hommage républicain n'est rendu, avec les élus notamment, comme on peut le voir pour des policiers morts en service. Il y a peut-être là un progrès à accomplir, y compris par nous-mêmes : reconnaître que lorsqu'un policier ou un gendarme met fin à ses jours, ce n'est pas un tabou à mettre dans un coin, dont on ne doit pas parler, sauf pour un petit hommage aux familles par le biais d'un tweet. Je le dis très sincèrement, parce que l'absence d'une telle reconnaissance m'a choqué pendant les quatre années écoulées de mon mandat de parlementaire. Souvent, les collègues prennent des initiatives locales sous la forme de minutes de silence ou de réunions, mais rien d'institutionnel n'est prévu. Il n'y a jamais de reconnaissance – y compris de la part du politique – de ces agents, ces femmes et ces hommes qui, même s'ils ont mis fin à leurs jours, ont contribué à l'action de police.