Le rapport n° 27 de l'Institut des politiques publiques (IPP), publié en octobre 2020, contient une étude approfondie des effets du coefficient correcteur – le fameux « coco » – appliqué en vue de la suppression de la taxe d'habitation et de sa juste compensation par transfert aux communes de la part de taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB) auparavant dévolue aux départements. Cette étude a d'ailleurs été présentée lors de la convention nationale des intercommunalités, organisée par l'Assemblée des communautés de France (ADCF) et à laquelle vous avez participé, madame la ministre.
Elle confirme le pressentiment que nous avions exprimé lors des précédents débats budgétaires : les 24 656 communes surcompensées, qui doivent se joindre à l'État pour alimenter le fonds national bénéficiant aux communes sous-compensées, présentent un profil similaire, c'est-à-dire que le produit de la taxe d'habitation y était structurellement faible en raison de valeurs locatives peu élevées, de taux très bas ou d'une faible densité démographique. Il s'agit quasi exclusivement de communes rurales ou périurbaines. Par ailleurs, l'incidence du mécanisme s'amplifie avec le temps, puisque la dynamique des bases des communes surcompensées se trouve ainsi partagée avec les communes sous-compensées.
Nous sommes donc en train d'organiser à l'échelle nationale un transfert de richesse fiscale de la ruralité vers les zones urbaines. Permettez-moi de vous lire un extrait du rapport : « Dans le contexte du mécanisme de coefficient correcteur, ces résultats impliquent des transferts ancrés sur le long terme et dynamiques, de communes en moyenne moins peuplées et à plus faible revenu, vers des communes en moyenne plus urbaines où le pouvoir d'achat des résidents est plus important. » Quelles mesures comptez-vous prendre, madame la ministre, en vue de corriger le dispositif et d'éviter ces transferts, dont nous pouvons imaginer les conséquences sur les rapports entre citadins et ruraux ?