Intervention de Émilie Bonnivard

Séance en hémicycle du vendredi 29 octobre 2021 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Action extérieure de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉmilie Bonnivard, rapporteure spéciale de la commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire :

Le non-retour des clientèles asiatiques et nord-américaines, dotées d'un fort pouvoir d'achat, plombe la capitale. Les six premiers mois de l'année 2021 ont été très difficiles puisque la fréquentation touristique à Paris a enregistré une baisse de 78 % par rapport à 2019. Nous sommes donc confrontés à une crise qui s'inscrit dans la durée. Quelles mesures concrètes avez-vous prévues, monsieur le ministre, pour enrayer cette tendance ? J'appelle votre attention quant à l'urgence d'investir dans une politique de promotion de notre pays plus que jamais ambitieuse. Des destinations concurrentes se positionnent actuellement sur nos marchés émetteurs de manière offensive. Or le budget post-crise attribué à l'opérateur Atout France pour 2022 n'est absolument pas à la hauteur de la relance.

Atout France consacrera seulement 6 millions d'euros à la promotion de notre industrie touristique l'année prochaine, ce qui est très faible. La Grèce, quant à elle, a engagé un budget de 27 millions sur l'année pour soutenir les acteurs de ce secteur. Pour le tourisme hivernal, la France a prévu un budget de promotion de 2 millions, alors que notre premier concurrent, l'Autriche, lui consacre 17 millions. Je propose donc, pour 2022, d'augmenter de 20 millions le budget alloué à la promotion de notre industrie touristique. Cet investissement est limité, mais il aurait un effet levier direct et massif sur la reprise.

Toujours dans l'optique de favoriser le retour de clientèles lointaines dans notre pays, pouvez-vous, monsieur le ministre, éclairer la représentation nationale sur les négociations sanitaires avec les pays émetteurs dont les vaccins ne sont pas homologués par les autorités européennes – je pense notamment à la Russie –, ou qui continuent de restreindre la circulation de leurs ressortissants à l'étranger, comme la Chine. Qu'en est-il, par ailleurs, des touristes japonais ? Un risque majeur pèse également sur notre première clientèle étrangère, la clientèle britannique. La crise sanitaire, le Brexit, le retour des passeports et des relations diplomatiques délicates risquent de fragiliser durablement la venue de cette clientèle historique en France. Sa fréquentation a chuté, cet été, de manière inhabituelle. Quelle est votre stratégie à l'égard de cette clientèle ?

Je veux souligner également qu'un secteur central de l'économie touristique n'a pas encore totalement repris. Il s'agit du tourisme d'affaires et de l'événementiel, essentiels à l'écosystème touristique urbain. En Île-de-France et à Paris, la relance de ce secteur pourrait compenser la perte des touristes étrangers. La création d'un fonds de 70 millions, codoté par les régions, constituerait une réponse à la hauteur de nos ambitions pour ce secteur. Un tel montant ne paraît pas aberrant pour résister à l'offensive de l'Italie et l'Allemagne, qui aspirent la totalité de ce marché.

Enfin, un discours clair au plus haut sommet de l'État est indispensable pour relancer le secteur de la montagne et le tourisme d'hiver.

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