Intervention de Robert Therry

Séance en hémicycle du vendredi 29 octobre 2021 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Action extérieure de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRobert Therry, rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques :

J'ai l'honneur de vous présenter l'avis de la commission des affaires économiques sur les crédits consacrés au tourisme au sein de la mission "Action extérieure de l'État" . Alors que le tourisme est un secteur d'activité essentiel à l'économie française, il subit de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire. En 2020, le niveau du tourisme mondial avait retrouvé son niveau de 1990. En France, la même année, la fréquentation des touristes étrangers a chuté de 55 % et les perspectives pour 2021, bien que légèrement meilleures, ne permettront pas de combler le manque à gagner pour les acteurs du secteur. L'État a certes prévu des mesures de soutien, mais celui-ci pourrait être amélioré et clarifié.

La crise doit également être envisagée comme une occasion pour le secteur touristique de se transformer face à l'évolution des attentes des touristes et à l'inévitable réinvention de l'offre dans la crise. Pour illustrer ce renouvellement, j'ai choisi de privilégier deux sujets dans mon rapport pour avis : les résidences de tourisme, d'une part ; le tourisme patrimonial, d'autre part.

Je vous propose, tout d'abord, une rapide présentation des crédits budgétaires analysés dans le cadre de mon rapport. La disparition progressive des crédits consacrés au tourisme au sein de la mission "Économie" est regrettable compte tenu du poids de ce secteur dans le PIB national.

Pour le reste, l'essentiel des crédits de la mission "Action extérieure de l'État" consacrés au tourisme est destiné au financement de la subvention pour charges de service public (SCSP) versée à Atout France, opérateur de l'État en matière de promotion du tourisme. Cette subvention est globalement stable par rapport à la loi de finances initiale (LFI) de 2021 : elle s'établit à 28,7 millions d'euros. Atout France a déployé d'importants efforts de soutien aux acteurs du secteur touristique et à la promotion de la destination France durant la crise sanitaire. Maintenir le niveau de sa subvention constitue donc un effort minimum, d'autant que certaines autres recettes de l'opérateur, telles que celles issues des droits de visas, demeurent fragiles. J'émettrai donc un avis plutôt défavorable sur les crédits consacrés au tourisme de la mission "Action extérieure de l'État" , tout en précisant que la commission des affaires économiques a voté en faveur de leur adoption.

Venons-en au premier volet thématique de mon avis budgétaire, qui porte sur les résidences de tourisme. Détenus à 85 % par des particuliers propriétaires, les hébergements en résidence de tourisme représentaient jusqu'ici un placement financier plutôt sûr. Le modèle financier de tels biens repose sur une période obligatoire de mise en location, le gestionnaire de la résidence de tourisme étant chargé de verser le loyer dû au propriétaire. Malheureusement, la crise de la covid-19 a conduit à d'importantes difficultés : faute de touristes, les gestionnaires ne pouvaient plus verser de loyers aux propriétaires, qui se sont retrouvés eux aussi en difficulté financière. Cela a provoqué des tensions importantes entre propriétaires bailleurs et gestionnaires, et la situation n'est pas encore résolue. Un point fait toutefois l'unanimité : il existe un réel défaut d'information préalable sur les risques associés à ce type d'investissement. Un projet de réforme serait à l'étude sur le sujet : j'espère qu'il pourra voir le jour.

Le second volet thématique de mon avis est consacré au sujet du tourisme patrimonial, qui me tient particulièrement à cœur. La crise de la covid-19 a modifié les attentes des touristes, le public valorisant davantage les lieux moins fréquentés. C'est l'occasion de mettre en lumière des modèles peu connus et innovants. La chartreuse de Neuville, située dans le Pas-de-Calais, fait partie de ces lieux. Cet édifice en cours de restauration présente un modèle de financement original, fondé sur la coexistence, sur son site, d'activités lucratives et non lucratives. Aux activités touristiques classiques et à un projet de résidence hôtelière s'ajoutent des incubateurs, des projets d'insertion par le travail ou encore des résidences d'artistes et de chercheurs.

Une telle diversité permet de faire de cet édifice un lieu vivant, tout en assurant sa restauration. Je souhaite que des initiatives de ce type puissent être valorisées. Les soutiens associés doivent également être mis en avant et rationalisés. Les financements proposés par BPIFrance ou la Banque des territoires, par exemple, sont souvent mal connus des bénéficiaires potentiels.

Je suis convaincu que des démarches reposant sur davantage de communication et de transversalité, ainsi que le soutien à des modèles économiques innovants, sont des éléments essentiels d'une politique touristique réussie.

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