Intervention de Henri Poupart-Lafarge

Réunion du jeudi 14 décembre 2017 à 11h20
Commission d'enquête chargée d'examiner les décisions de l'État en matière de politique industrielle, au regard des fusions d'entreprises intervenues récemment, notamment dans les cas d'alstom, d'alcatel et de stx, ainsi que les moyens susceptibles de protéger nos fleurons industriels nationaux dans un contexte commercial mondialisé

Henri Poupart-Lafarge, président-directeur général d'Alstom :

Nous participons fréquemment à des accords de consortium, lorsque notre outil industriel ne nous permet pas de répondre à un appel d'offres précis. Notre objectif est d'accroître notre compétitivité par rapport à nos concurrents – CRRC dont on parle beaucoup ; Hitachi, qui a récemment racheté Ansaldo ; mais d'autres acteurs bougent aussi.

Il faut donc rechercher la plus grande efficacité. Je ne vois pas comment des GIE complexes, des alliances dans lesquelles on soupèse tous les éléments pour savoir s'ils sont bien équilibrés à la fois entre les États partenaires et entre les différentes composantes du groupe, peuvent générer de l'efficacité, de la rapidité, de la flexibilité, de l'agilité, dans des marchés qui sont extrêmement évolutifs. Il me semble qu'il faut aller vers la simplicité. Et celle-ci passe par la fusion des deux entreprises, qui permet d'unifier la gestion.

On parle beaucoup des TGV : mais il faut savoir qu'ils représentent à la fois quelque chose de très important mais une part relativement faible de notre chiffre d'affaires. Et vous-même m'avez demandé si les nouvelles versions de l'ICE allemand n'étaient pas au moins aussi compétitives. Or, dans ce métier, c'est le client qui décide quel train il souhaite – à la différence du secteur automobile, où l'on propose au client un certain nombre de modèles. Si le TGV en France a un double niveau, ce n'est pas parce qu'Alstom l'a décidé, mais parce que la SNCF a voulu qu'il en soit ainsi. De la même façon, c'est la Deutsche Bahn qui a décidé de l'ICE qu'elle voulait.

Il continuera donc à y avoir des TGV. Le TGV du futur garde toute sa pertinence dans la mesure où il a été développé bien évidemment pour l'export, mais d'abord et avant tout pour la SNCF. On travaille d'ailleurs dans le cadre d'un format tout à fait novateur – et à mon sens très positif – de partenariat et d'innovation avec la SNCF, pour développer conjointement ce TGV du futur ; c'est dire à quel point « la patte » de la SNCF est importante dans sa définition. Encore une fois, il s'agit d'un TGV qui est fait pour la SNCF, et que l'on essaiera ensuite d'exporter.

Contrairement à ce que l'on croit parfois, il n'y aura pas de choix de gamme. Si l'on veut s'allier, c'est pour aller vers plus d'innovations, plus de recherche dans la digitalisation, plus de standardisation, pour mettre en commun des sous-systèmes et des outils d'ingénierie, afin de gagner en efficacité. Mais les portefeuilles de produits existants continueront clairement à coexister, sous forme de plateformes.

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