Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les rapporteurs, je vous remercie de me donner l'occasion de présenter les activités de Nokia en France et dans le monde et d'évoquer la transformation que le groupe entreprend pour répondre aux défis du marché mondial. Je vous exposerai également comment nous respectons les engagements pris à l'égard du gouvernement français à la fin de l'année 2015, lors du rachat d'Alcatel-Lucent, et comment nous nous développons pour assurer la pérennité du groupe. Je terminerai en vous indiquant ce que les pouvoirs publics peuvent faire pour conforter l'industrie française et européenne des télécommunications et développer les technologies du numérique.
Le groupe Nokia crée la technologie de tous les réseaux de télécommunication et de tous les réseaux numériques du futur. Avec le rachat d'Alcatel-Lucent, il a traduit son ambition de disposer d'un portefeuille complet couvrant l'ensemble des télécommunications. Grâce à la recherche et innovation et à Nokia Bell Labs, comme sources de dynamisme, nous serons les fournisseurs des opérateurs historiques mais aussi des OTT – Over the Top –, notamment des GAFA – Google, Apple, Facebook et Amazon –, des gouvernements et des entreprises dans les différents secteurs verticaux.
Notre portefeuille comprend des produits essentiellement axés sur les télécommunications mais également adaptés au développement des industries et des services afin de leur permettre de répondre à leurs engagements en termes de licences à travers le monde. Cela couvre les infrastructures mobiles avec les prochaines générations de 5G qui d'ailleurs ne seront pas seulement mobiles, l'internet des objets, les applications, pour le développement desquelles nous avons créé un département spécifique, la réalité virtuelle et la réalité augmentée, des domaines de recherche très importants qui commencent à être intégrés dans des applications commerciales, la santé numérique enfin avec le rachat de Withings.
Notre place parmi les acteurs mondiaux des technologies qui connectent les hommes et les objets tient à plusieurs raisons : la taille du groupe, sa présence à l'échelle mondiale et l'importance de son portefeuille. Nokia figure aujourd'hui parmi les leaders mondiaux des technologies permettant de connecter les hommes et les objets.
En France, nous avons deux sites, Paris-Saclay et Lannion, les autres ayant été fermés. Ce sont des centres de compétences qui ne sont pas dédiés à la France mais qui accueillent des développements innovants dans divers domaines, qu'il s'agisse de la 5G, de la cybersécurité ou de l'IoT, c'est-à-dire l'internet des objets (Internet of things).
Au niveau mondial, les activités de Nokia sont structurées en six lignes de produits : produits mobiles, produits fixes, applications, produits technologiques rassemblant tous nos brevets, les produits liés à l'IP – Internet Protocol – et à l'optique.
Cela nous permet de gérer les spécificités techniques par métier, mais nous offre aussi une grande agilité : nous pouvons ajuster le développement de nos produits aux différents besoins et marchés.
Vous avez parlé du rachat d'Alcatel Lucent par Nokia en 2015. À cette époque, Alcatel Lucent était dans une situation plutôt délicate – vous l'avez précisé. L'objectif était de construire un groupe européen de taille mondiale, couvrant tous les domaines des télécoms. Par ce rachat, Nokia a protégé et pérennisé la société et lui a aussi permis de réaliser des investissements très importants dans le monde des télécoms, en France et dans le monde. L'empreinte de Nokia en France est d'ailleurs bien supérieure à ce que nécessiterait son marché local. Vous avez évoqué nos plus de 5 000 salariés : ce chiffre est bien supérieur à ce que nécessiteraient nos activités avec les opérateurs ou l'industrie en France.
Depuis le rachat, nous avons renforcé nos activités de recherche et développement (R&D) en France. La France va ainsi devenir une véritable pierre angulaire pour la stratégie mondiale du groupe. Nokia et Alcatel Lucent se sont rapprochés pour créer le leader de toutes les technologies innovantes dans le domaine des télécoms, des réseaux et les services pour un monde connecté.
Nokia est un groupe industriel plus que centenaire, un des plus anciens groupes à travers le monde : nous venons de fêter les cent cinquante-deux ans du groupe Nokia. Vous pouvez donc imaginer que notre préoccupation et notre motivation principales ne sont pas uniquement et d'abord financières. À l'aube des nouveaux réseaux virtualisés, le nouvel ensemble peut se prévaloir d'un positionnement unique pour construire en Europe le champion mondial des technologies numériques. Nous sommes les seuls capables de nous implanter sur ce créneau.
En effet, pour cela, il faut avoir un socle technologique très solide dans le secteur des télécoms, ce dont nous disposons. Nous avons pu le constituer après le rachat d'Alcatel Lucent. Nous pouvons désormais nous positionner comme un leader dans la transition vers l'internet des objets, et particulièrement vers le cloud.
Le nouvel ensemble a une capacité d'innovation sans précédent. En alliant les deux groupes, en associant l'entité des Bell Labs – un des groupes de recherche les plus importants au monde –, mais aussi Nokia Technologies, plus spécialisé dans le monde de la mobilité, nous disposons d'une force de frappe en niveau recherche et développement inégalée. Plus de 40 000 personnes travaillent au sein du groupe dans tous les domaines de recherche – recherche fondamentale, recherche appliquée et développement.
Avec ces moyens, nous sommes en mesure d'accélérer le développement des technologies futures telles que la 5G, et de nous positionner sur l'ensemble des composants des réseaux virtualisés : cloud, nouvelles technologies de big data et d'analytics, ainsi que tous les domaines d'analyse, dans lesquels nous pouvons travailler de manière très autonome.
À l'échelle internationale, la transformation du groupe nous permet de disposer de portefeuilles de produits et d'implantations géographiques très complémentaires. Nokia était extrêmement présent en Europe et en Asie, Alcatel Lucent plutôt aux États-Unis. Notre présence est maintenant renforcée partout : de manière très importante aux États-Unis, dans certains pays européens, mais aussi en Chine, et, grâce à Nokia, dans les différents pays en développement d'Asie mais également les pays en pointe comme la Corée.
Il ne reste plus que deux groupes mondiaux qui ont la capacité et le portefeuille pour se développer : l'un est européen, l'autre asiatique. Ces deux groupes sont les seuls capables d'offrir des services de bout en bout : des réseaux fixes aux développements sur le haut débit mobile, l'optique, le routage IP, les applications et dans les services du cloud.
Vous le constatez tous les jours : les consommateurs veulent de plus en plus accéder aux données, à la voix, à la vidéo ou à de nouvelles applications. Cela passe forcément par l'intermédiaire de réseaux. L'enjeu est très important pour notre industrie des télécoms française, européenne et mondiale. Nokia peut ainsi croître et investir dans les différents standards développés à travers le monde.
Aujourd'hui de nouveaux objets connectés et de nouvelles applications sont créés dans l'univers des services aux consommateurs, mais aussi dans le monde industriel, par le biais de l'internet des objets. Il ne s'agit pas de gadgets ou d'une simple mode, mais d'une transformation assez fondamentale de toutes les industries – des industries verticales, comme celles des communications, des transports, des télécoms, jusqu'au secteur de la santé. De plus en plus d'objets connectés viennent en soutien des personnels dans les hôpitaux. Des applications de développement personnel voient également le jour.
Les analystes pensent que la croissance de l'internet des objets va être extrêmement importante : on parle de 30 à 50 % de croissance sur les trois, quatre ou même peut-être dix prochaines années. Du coup, les marchés potentiels explosent à travers le monde.
Le nouveau groupe constitué par Nokia et Alcatel Lucent a donc une position unique. Il est en mesure d'assister les opérateurs dans leur transformation et leur développement, mais aussi tous les acteurs de l'internet : les GAFA, les développeurs d'applications mais aussi les grandes entreprises et le secteur public, qui ont également besoin de différents développements dans ce domaine.
Venons-en maintenant aux engagements. Quand Alcatel Lucent a été racheté par Nokia, cette dernière a pris des engagements sur le rôle de la France dans le groupe. La France, je l'ai dit, occupe une place essentielle en matière de recherche et développement. Depuis le début, Nokia entend s'appuyer sur les compétences des chercheurs et ingénieurs de notre pays, dans un très grand nombre de technologies, et plus particulièrement les mathématiques, l'intelligence artificielle et le développement d'algorithmes. La France est considérée comme un des leaders mondiaux dans ce domaine, ce qui nous permet de nous développer par rapport à nos centres de recherche – comme les Bell Labs dont nous parlerons plus loin. Notre ancrage dans l'écosystème technologique français est très fort, particulièrement dans les universités et les centres de recherche.
Je tiens à réaffirmer de manière solennelle notre volonté de respecter nos engagements. C'est important pour nous et cela correspond à une valeur fondamentale du groupe, particulièrement attaché au respect de ses engagements à travers le monde. Je vous ai parlé de l'histoire de Nokia : depuis 1865, l'entreprise s'est reconfigurée à de multiples reprises, mais a toujours su construire une relation de confiance avec ses clients à travers le monde. Nous sommes présents dans plus d'une centaine de pays et travaillons avec les plus grands acteurs du secteur des télécommunications.
M. Risto Siilasmaa, président du conseil d'administration de Nokia, et M. Rajeev Suri, notre président-directeur général, ont écrit récemment à M. Bruno Le Maire, notre ministre de l'économie et des finances, pour réaffirmer la volonté de Nokia de tenir sa parole sur l'ensemble des engagements pris fin 2015. Vous avez mentionné les réunions tenues à Bercy : nous en avons fait une petite dizaine depuis le début de l'année 2016, à raison d'une par trimestre, en alternance avec ou sans représentants syndicaux. Cela permet de suivre notre développement et notre respect de tous ces engagements.
Au-delà de ces engagements, pour toutes les raisons déjà citées, la France fait partie de la stratégie mondiale de Nokia. Nous pensons y conforter notre ancrage dans le développement des nouvelles technologies, afin d'être en mesure de réagir par l'excellence à la concurrence mondiale. Nous évoluons dans un contexte concurrentiel mondial de plus en plus éprouvant : vous avez rappelé nos multiples intégrations au cours de ces dix dernières années ; on a également assisté à de nombreuses restructurations. On estime que le marché mondial continuera à se contracter au moins jusqu'en 2020 car les opérateurs prévoient de dépenser moins dans les années à venir.
En 2016, les résultats consolidés du groupe Nokia enregistrent une perte assez conséquente de 912 millions d'euros. Pour assurer notre viabilité et la croissance du groupe à long terme, des plans de transformation ont été mis en place au niveau mondial. Ils prévoient des économies, finalement portées à 1,2 milliard d'euros suite à l'exécution du plan d'intégration. Le premier plan d'économies, vous l'avez rappelé, avoisinait les 900 millions d'euros.
Ce plan de transformation doit permettre au groupe d'investir massivement dans la recherche et le développement. Nokia investit à peu près 20 % de son chiffre d'affaires, ce qui est exceptionnel et quasi unique dans le monde des télécoms. Ces investissements sont notamment réalisés dans le domaine de la 5G, qui ne concerne plus uniquement notre division mobile, mais tous les types de réseaux – fixes, optiques, applicatifs et infrastructures.
Notre plan de restructuration impliquait initialement la suppression de 597 postes en France. Mais il ne touche que des emplois dans les fonctions centrales ou de support et ne concerne en aucun cas les emplois de R&D – qui sont en croissance en France. Lors des négociations avec les représentants des organisations syndicales, cet objectif a été ramené à 553 suppressions d'emplois – 86 sur le site de Lannion et 467 sur le site de Paris-Saclay – dont 69 sont d'ores et déjà vacants : en fait, les suppressions toucheront au bout du compte 484 postes occupés par des salariés.
Autre engagement : le maintien de l'emploi en France, soit 4 200 postes au total jusqu'à la fin 2017 ou début 2018. Nous avons été confrontés à des difficultés au démarrage du recrutement : notre objectif était de recruter 500 personnes mais le marché est très tendu dans le secteur du numérique, notamment dans les nouveaux domaines sur lesquels nous travaillons, à savoir la 5G, l'intelligence artificielle et la cybersécurité. Tous les profils que nous recherchons sont également convoités par les plus grandes sociétés à travers le monde : Google, Facebook et autres s'approvisionnent en nouvelles ressources, et particulièrement en France.
Après avoir pris la mesure de la situation et constaté que notre recrutement n'était pas suffisant, nous avons mis en place des mesures concrètes à partir du deuxième trimestre de l'année 2017. Nous avons augmenté de manière conséquente les budgets et les moyens humains consacrés au recrutement. Nous nous appuyons sur des équipes dédiées, en France comme en Europe. Nous sommes beaucoup plus présents sur les réseaux sociaux et dans les médias, afin d'attirer un plus grand nombre de candidats. Enfin, nous avons multiplié les sessions de recrutement – elles sont hebdomadaires sur notre site de Paris-Saclay, et bimensuelles sur notre site de Lannion. Dès le dernier trimestre, le nombre des candidats s'est mis à remonter. Nous sommes maintenant confiants : nous pourrons atteindre l'objectif de 2 500 personnes en R&D avant la fin de l'année 2018, sans doute avec quelques mois d'avance par rapport à l'agenda initial.
Durant les discussions qui ont abouti au dernier PSE prévoyant la suppression de 597 emplois, nous nous étions engagés avec les représentants du personnel sur les deux points suivants : aucun départ avant d'avoir atteint les 4 200 personnes dans les deux filiales concernées et aucun départ forcé pour les 2 500 ingénieurs en R&D.
Malgré les difficultés rencontrées ces dix dernières années, notre priorité a toujours été de privilégier les départs volontaires. Nous privilégions également les reclassements internes. Nous avons également mis en place des programmes de formation – à l'intérieur d'Alcatel-Lucent, mais aussi de Nokia – pour essayer de retrouver de nouveaux emplois aux salariés dont les postes risquaient d'être supprimés.
Nous accompagnons chaque salarié en leur proposant des plans spécifiques adaptés à leur situation personnelle – reclassements en interne, ou développement en externe. Le contenu de ces mesures d'accompagnement est en cours de négociation avec les organisations représentatives du personnel. Cette négociation devrait se poursuivre en début d'année 2018 et aboutir à un accord sur l'ensemble de ce plan.
Le secteur des télécommunications, nous l'avons dit, est affecté par de nombreuses réorganisations et restructurations, qui touchent l'ensemble des acteurs, que ce soient les opérateurs, les fournisseurs et particulièrement les fournisseurs d'infrastructures.
S'adapter à la transformation est indispensable. Il faut développer beaucoup plus les compétences techniques et les compétences de recherche et développement que les fonctions support de l'entreprise. Nous accordons donc une importance tout à fait particulière à la recherche, que nous développons en France autour des nouveaux axes sur lesquels nous nous étions déjà engagés à la fin de 2015 : la 5G, la cybersécurité et l'internet des objets.
J'en viens au poids de la France dans le groupe.
La gouvernance de plusieurs divisions importantes de Nokia est assurée en France. Je pense notamment à Nokia Mobile Networks, présidée au niveau mondial par Marc Rouanne. Cette division est la première du groupe et représente plus de la moitié de la R & D de Nokia. Avec la responsabilité complète du développement de la prochaine gamme de la 5G, c'est sans doute une des plus prometteuses.
Le directeur général de cette division « Mobiles », qui rend compte directement à Mac Rouanne, est aussi un Français basé en France. C'est lui qui pilote les décisions structurantes, le portefeuille, les choix stratégiques, notamment en matière d'investissements, les plans de business pour les prochaines années, et la répartition des investissements de développement à travers le monde.
Je peux également citer – c'est arrêté depuis le milieu de l'année 2017 – le vice-président de l'activité 5G. Ainsi, le directeur de tout notre business 5G mondial est basé en France. Il dirige tous les programmes de R&D, les programmes de tests et tout ce qui se rapporte à la validation, notamment celle des cas d'usage. Cela permet d'avoir en France une représentation de tous les éléments de la 5G, du développement matériel de certaines cartes électroniques au développement logiciel. Nous réalisons pratiquement la moitié de l'intégration des systèmes en France. Nous sommes en train de développer des plateformes avec certains de nos clients, dont nos clients français : nous avons signé, par exemple, un accord avec Orange pour le développement des cas d'usage. Et cela se fait en France, pas uniquement pour la France, mais pour l'Europe et pour le monde.
Vous savez que la France n'est pas le pays le plus avancé pour le développement de la 5G, que ce soit au niveau des investissements, des réglementations ou autres. Mais aujourd'hui, pratiquement 100 personnes en France travaillent sur les développements mondiaux de la 5G aussi bien pour l'Asie que pour l'Amérique.
Quant aux Nokia Bell Labs, si leur siège historique est à Murray Hill, leur deuxième site mondial est en France, où se trouve une part significative de leurs employés.
Au cours de l'année 2017, nous avons travaillé à mettre en place une activité complémentaire. Conformément aux engagements que nous avions pris avec le Gouvernement, la France devait accueillir une direction significative des Bell Labs. Nous avons donc décidé d'y installer une nouvelle direction, celle de l'intelligence artificielle. Son directeur rendra directement compte au président des Bell Labs monde. Il sera chargé de structurer et générer les développements et la recherche autour de l'intelligence artificielle à partir de la France, avec une couverture mondiale.
C'est un engagement très intéressant. Nous apprécions beaucoup l'investissement français et les actions de l'État qui ont été menées dans ce domaine. Nous avons des relations très étroites avec Cédric Villani qui développe ce plan d'intelligence artificielle. Par l'intermédiaire de nos investissements dans les universités et dans les différents groupes de travail, nous sommes très proches des développements qui vont se faire, et qui, je l'espère, permettront aussi bien à Nokia qu'à la France de se développer dans ce domaine.
Parlons maintenant du deuxième site de Nokia, celui de Lannion.
Lannion accueille un pôle d'expertise, validé au moment du rachat d'Alcatel-Lucent, sur la cybersécurité. Ce n'est pas un pôle unique, dans la mesure où l'on développe sur ce site bien d'autres technologies de réseaux et d'importantes activités de service. Les activités globales occupent près de la moitié des effectifs. Néanmoins, nous souhaitons nous développer plus particulièrement dans le domaine de la cybersécurité, ce qui renforcera encore notre ancrage à la France et singulièrement à la région Bretagne. Nous avons donc renforcé l'équipe dédiée de R&D sur certains de nos produits et nous sommes en train de recruter des personnels complémentaires.
Nous avons également mis en place une plateforme unique, qui permet de tester et de valider nos solutions réseaux. Cette plateforme a été réalisée en collaboration avec l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI) ; c'est là que nous validons de bout en bout toutes les solutions de télécoms que nous avons vendues à nos opérateurs. Ainsi, notre conformité vis-à-vis la régulation au niveau de la sécurité passe par le site de Lannion, avec un investissement de plateforme conséquent au niveau des infrastructures, mais aussi des différentes compétences.
Nous nous impliquons aussi dans le « Pôle d'excellence Cyber », dont j'occupe personnellement la vice-présidence européenne ; cela permet à ce pôle de se développer en Europe et en coopération avec différents pays européens. Nous contribuons aussi à des partenariats « public-privé » en matière de cybersécurité, pour soutenir l'objectif de souveraineté numérique de l'État – car la cybersécurité en est un élément clé.
Au-delà de ses évolutions internes, Nokia est un acteur clé du développement de l'écosystème numérique français. Cela nous paraît de nature à contribuer positivement à l'excellence française et à intensifier la coopération entre les différents acteurs tels que les opérateurs publics et privés de télécommunications. Ainsi, nous participons au développement de nouvelles activités à Lannion dans le cadre de l'Institut de recherche technologique « b-com », que nous soutenons.
Mais nous ne voulons pas seulement nous cantonner au seul domaine de la recherche et du développement en France. Nous avons également décidé, ces derniers mois, de créer une entité par l'intermédiaire de la société IRIS. Cette société a vocation, dans un premier temps, à gérer la supervision des réseaux en France, et des réseaux mobiles – notamment pour les opérateurs. Nous avons déjà procédé à trente-sept embauches, qui seront validées dans le cours de l'année 2018 et qui permettront de trouver des postes et des niveaux d'emploi dans le groupe différents des postes de chercheurs que nous développons par ailleurs.
J'ai mentionné tout à l'heure le rachat, pour un montant de 170 millions d'euros, de la start-up française Withings, spécialisée dans les objets connectés, particulièrement dans le domaine de la santé. Cette société doit constituer le socle du développement mondial de la division Healthcare de Nokia, qui sera elle aussi dirigée depuis la France. Il s'agit d'un investissement très bénéfique pour l'emploi : Withings a pratiquement crû de 50 % depuis que nous en avons fait l'acquisition.
Nous investissons très fortement dans l'écosystème français par le biais de start-up, en lien avec ce que promeut l'État dans le cadre de la French Tech. À ce jour, nous avons investi plus de 30 millions d'euros sur les 100 millions que vous évoquiez, monsieur le président, par l'intermédiaire de notre fonds NGP Capital.
J'en viens plus spécifiquement à la question des partenariats académiques dans le domaine de la recherche. Nous venons d'en annoncer un avec l'Institut des hautes études scientifiques (IHES), de Bures-sur-Yvette, pour des projets très spécifiques, notamment en mathématiques. Nous contribuons aussi à de nombreuses chaires d'enseignement supérieur, par exemple au sein de ParisTech pour les connected cars et la cybersécurité, en collaboration avec Renault : nous essayons de développer tous les maillages industriels dans ce domaine.
Point très important, nous assurons la présidence du pôle de compétitivité Systematic à Paris-Saclay, qui rassemble autour de Jean-Luc Beylat 750 innovateurs dans des systèmes complexes. C'est une sorte de Silicon Valley à la française – j'espère d'ailleurs que ce terme disparaîtra un jour et que Paris-Saclay deviendra plutôt la référence.
Nous sommes aussi très impliqués dans les Instituts de recherche technologique (IRT), notamment « b-com » et nous voulons nous développer dans le pôle de compétitivité breton « Images & Réseaux ».
Nous sommes très engagés dans l'animation des écosystèmes numériques. Dans le cadre de Nokia Paris-Saclay, nous avons créé un grand centre d'incubation, appelé « Le Garage ». Il permet de faire de la création interne, mais aussi d'apporter un support à des start-up. Nous avons aussi créé un FabLab très actif, en association avec certaines réalisations au plan régional.
À travers toutes ces actions, Nokia se considère comme un partenaire des pouvoirs publics pour la numérisation de la vie économique et sociale, ainsi que pour l'accès au très haut débit dans le cadre de l'aménagement du territoire, en particulier la mobilité 5G. La couverture de notre site de Paris-Saclay vient d'être lancée : nous passons ainsi à la phase de prototypage, ou pilote, dans laquelle de nombreux tests sont réalisés.
Nous voulons aussi multiplier les interactions avec les universités et les jeunes, avant même qu'ils ne deviennent ingénieurs – nous travaillons beaucoup avec les écoles.
Cet ensemble d'actions a pour vocation de rayonner à l'international. Une grande partie des produits et des infrastructures que nous développons ne sont pas uniquement liés à la France – c'est notamment le cas de certains accords universitaires.
Pour conclure, je tiens à réaffirmer notre ferme volonté de tenir les engagements pris au moment du rachat, fin 2015. Je suis convaincu que la transformation du groupe conforte et assure la pérennité de notre présence en France, comme c'est le cas aujourd'hui. Il y aura certes des départs de salariés du fait de la restructuration et des changements dans nos métiers, mais j'insiste sur notre volonté d'accompagner au mieux chacun, selon sa situation personnelle. C'est ce que nous avons fait dans tous les plans précédents, qu'ils concernent Nokia ou Alcatel-Lucent. Par ailleurs, cette transformation se traduit par la création d'emplois à forte valeur ajoutée : en trois ans, nous recruterons bien plus que les 500 ingénieurs, c'est-à-dire le niveau sur lequel nous nous étions engagés. Il y a des départs, mais aussi des remplacements et des besoins concernant des qualifications nouvelles. Nous voulons créer de l'emploi dans les bassins où nous sommes présents, en Île-de-France avec Paris-Saclay, ou en Bretagne à Lannion.
Notre transformation nous permet de mieux contribuer à l'écosystème numérique français, autour des pôles d'excellence mondiaux que nous avons implantés en France : la 5G, la cybersécurité et l'internet des objets, qui fera l'objet d'un accent particulier en 2018. Sous l'impulsion de la French Tech, mais aussi dans le cadre des plans de souveraineté – nous assurons la présidence de celui qui concerne les télécoms – et en concertation avec les instances de régulation, nous sommes persuadés que la France continuera à jouer un rôle majeur dans le groupe Nokia pour les technologies d'avenir.
Je me réjouis également du travail engagé par les pouvoirs publics pour faire en sorte que la France devienne un pôle d'excellence numérique au plan mondial. Nous soutenons les différentes actions entreprises dans ce cadre. Nous avons aussi besoin de votre soutien pour que les enjeux de souveraineté numérique soient respectés par tous les acteurs et pour qu'un cadre réglementaire soit créé en la matière. Nokia est prêt à renforcer sa participation à la nouvelle stratégie industrielle de l'État et à contribuer au remplacement des différents réseaux du secteur public dans les années à venir – nous avons à cet égard un portefeuille pratiquement complet.
L'innovation doit continuer à être encouragée en France par des dispositifs de soutien qui ont montré leur valeur, comme le crédit d'impôt recherche.
Enfin, je forme le voeu que la coopération entre Nokia et l'écosystème français du numérique se renforce dans un esprit de bénéfice mutuel.
Je suis à votre disposition pour répondre à toutes les questions.