Tout à l'heure, nous avons discuté d'un amendement à 34 milliards d'euros. Malheureusement, je doute que la presse s'occupe beaucoup de nos débats ; c'est dommage. Les journalistes ne l'auront donc pas relevé, madame la ministre déléguée : à deux reprises, je vous ai demandé un bilan détaillé au sujet du dernier plan d'investissement annoncé en 2017 par le Président de la République, et je n'ai pas eu de réponse.
J'en reviens à l'amendement : il vise à conditionner les aides de la mission "Investissements d'avenir" à l'absence de versements de dividendes ou de licenciements non justifiés par la crise. Tout à l'heure, j'entendais parler de l'importance du plan France 2030, notamment pour le secteur aérospatial et les technologies d'avenir. Je vais vous parler de l'entreprise PGE, dont les salariés ont saisi le tribunal administratif de Cergy-Pontoise, pour demander la suspension du plan social annoncé il y a quelques mois. Cette entreprise fabrique du mastic de haute technologie. Cela suppose une grande technicité : elle est la seule en France à produire ce type de mastic pour le secteur aérospatial ; ses clients sont Dassault et Aérospatiale.
Il y a cinq ans, l'entreprise a été rachetée par un fonds de pension américain. Celui-ci a profité du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), du crédit d'impôt recherche et, évidemment, des aides mises en place pendant la crise du covid-19. Bilan : cinq ans plus tard, il décide de délocaliser PGE en emportant les brevets – ce qui interdira toute reprise en France –, tout en conservant, évidemment, les clients français d'une entreprise qui faisait des bénéfices. À l'avenir, nous ne souhaitons plus que d'autres entreprises subissent le même sort que PGE.
Il n'est pas normal que des entreprises du CAC40 – qui ont touché des milliards d'euros d'aides publiques pendant la crise du covid-19 – distribuent 51 milliards d'euros de dividendes en 2021 et que, dans le même temps, elles annoncent le licenciement de 30 000 personnes en France.
C'est quelque chose d'insupportable. Chacun devrait comprendre que l'argent public ne peut servir à licencier, en tout cas à procéder à des licenciements sans légitimité économique, qui ne visent qu'à augmenter les profits et les dividendes.