Quand Bruno Le Maire, qui est brillant – « le meilleur d'entre nous », dirait l'autre – parle de souveraineté industrielle, de made in France et d'État stratège, on a envie de lui donner le bon Dieu sans confession et, avec beaucoup de naïveté, on pourrait boire son engagement volontariste. Mais force est de constater que, lorsque l'État a les moyens, en tant qu'actionnaire, d'influencer une stratégie industrielle – car c'est cela qui nous occupe depuis le début de l'après-midi : comment retrouver des éléments de souveraineté ? –, comme c'est le cas avec Engie et avec Naval Group, il regarde passer les trains, laisse les actionnaires se nourrir de dividendes, autorise la casse de l'emploi et renonce à la préservation des savoir-faire. Vous me regardez en fronçant les sourcils, madame la ministre déléguée, mais l'État, y compris quand il est actionnaire, est dans le laisser-faire et le laissez-passer ; il renonce à influer sur les secteurs stratégiques qui posent des questions de souveraineté.
Il faudra peut-être un jour organiser un débat sur l'État actionnaire, car il ne s'agit pas simplement de mettre du fric pour en gagner ou en perdre. L'État est actionnaire de secteurs qu'il considère stratégiques – en tout cas, c'était l'esprit du général de Gaulle : je le dis en regardant le seul élu de droite présent dans l'hémicycle – pour influencer leur déclinaison territoriale et politique. À cela aussi, vous avez renoncé. C'est la raison pour laquelle je souscris à l'amendement du copain Ruffin sur Engie.