Intervention de Guillaume Garot

Séance en hémicycle du lundi 8 novembre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Agriculture alimentation forêt et affaires rurales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuillaume Garot :

Chaque année, il y a les intentions du budget, et il y a la réalité d'une politique. Chaque année, nous nous éloignons un peu plus des objectifs que vous avez vous-même définis : augmenter le revenu des agriculteurs et diminuer l'utilisation des phytosanitaires. Finalement, la déception l'emporte, chez beaucoup d'agriculteurs et de responsables agricoles. Ce budget n'est pas à la hauteur des attentes.

Le Gouvernement fait valoir une hausse de 26 millions d'euros des crédits de paiement pour l'ensemble du budget alloué au ministère de l'agriculture et de l'alimentation. Bien. Je ne m'étends sur le manque de clarté de ce budget puisque les crédits de paiement de la mission que nous examinons sont, eux, en baisse d'un peu plus de 32 millions d'euros. Admettons que les crédits augmentent, même s'ils augmentent de moins de 1 %. Cette hausse suffira-t-elle pour relever les défis que nous devons relever ? Manifestement non.

Ainsi, le plan Protéines végétales va dans le bon sens – d'ailleurs le groupe socialiste l'avait créé avec Stéphane Le Foll, alors ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt. Mais nous avons besoin d'accélérer pour garantir notre souveraineté alimentaire, retrouver des marges économiques et diminuer l'incidence environnementale. Or, malgré l'effet d'annonce du budget, avec le doublement d'aides dédiées à horizon de six ans, l'effort est trop modéré au regard de l'enjeu.

Autre exemple : l'agroécologie est le signe le plus patent du manque d'ambition du budget ; on le voit avec le plan stratégique national (PSN), qui décline la PAC en France. Un vrai virage était possible, mais nous repartons pour six ans de quasi-sur place.

Le cœur du problème est l'accompagnement des éleveurs, des agriculteurs dans la transition écologique. On ne peut pas considérer que celle-ci se fera toute seule, ou d'un coup de baguette magique, par le miracle des nouvelles technologies. Rien ne sera possible – je le dis très sincèrement –, sans accompagner ni former tous les producteurs, afin qu'ils changent de modèles et de façons de produire. Nous devrons par exemple consentir un véritable effort de suivi humain, qui parte de la situation réelle des éleveurs et agriculteurs, pour nous libérer de la dépendance aux pesticides.

Il faut allouer des moyens à la formation, outre ceux des régions. Par exemple, trouver un vacher pour remplacer l'éleveur à la traite, pendant le temps de sa formation, suppose des moyens. De ce point de vue, le budget n'est pas à la hauteur du défi de formation que nous devons relever.

Enfin, la déception se mesure au regard des attentes que vous avez suscitées chez les agriculteurs, et plus généralement chez les citoyens. Tous les ans, on nous dit que cette fois, c'est la bonne. On nous promet pêle-mêle le tournant agroécologique, l'amélioration du revenu des agriculteurs, des coups de règle sur les doigts de la grande distribution, comme il se doit, le chèque alimentaire durable… Finalement, c'est une succession de rendez-vous manqués.

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