Intervention de Barbara Bessot Ballot

Séance en hémicycle du lundi 8 novembre 2021 à 15h00
Projet de loi de finances pour 2022 — Agriculture alimentation forêt et affaires rurales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBarbara Bessot Ballot :

Nul besoin de s'étendre longuement sur le rôle de clé de voûte que joue notre agriculture, non seulement pour notre système alimentaire, mais également pour l'organisation du territoire. En nous donnant les moyens d'avoir une agriculture souveraine, dignement rémunérée et porteuse de sens, nous donnons les moyens aux zones rurales de faire de cet entreprenariat du vivant, un vecteur d'attractivité et de dynamisme durable.

L'agriculture, c'est donc plus qu'un simple secteur d'activité économique. La ferme France et les filières alimentaires sont également un fleuron français infiniment précieux, qui représentent, de la ferme à la fourchette, 16 % de l'économie française incluant la restauration.

Comme dans de nombreux domaines politiques, l'appréciation des ressources financières allouées à l'agriculture et à l'alimentation va au-delà de la mission "Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales" . Nos collègues rapporteurs spéciaux ainsi que notre collègue rapporteur pour avis au nom de la commission des affaires économiques l'ont rappelé : ce sont plus de 3 milliards d'euros supplémentaires qui sont consacrés à ces sujets dans le cadre du plan de relance et du plan d'investissement France 2030. Alors qu'il détaillait les moyens que nous allons nous donner pour réussir la troisième révolution agricole, le Président de la République l'a redit : le paradoxe de notre modèle agricole est bien que nous attendions toujours plus de notre agriculture, alors même que sa place dans le budget des ménages a diminué. Cette exigence du « manger mieux » est légitime, mais elle a un coût. Depuis le début de cette législature, en investissant massivement dans la transition écologique, l'État en prend pleinement la mesure.

D'un point de vue structurel, il m'importe bien sûr de mentionner les lois que nous avons votées puisqu'il s'agit du dernier budget du mandat : EGALIM 1 et 2, loi relative à la transparence de l'information sur les produits agricoles et alimentaires, loi visant à assurer la revalorisation des pensions de retraite agricoles en France continentale et dans les outre-mer. Je mentionne également les initiatives parlementaires dont nous souhaitons l'aboutissement prochain, comme la proposition de loi visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes et la proposition de loi portant mesures d'urgence pour assurer la régulation de l'accès au foncier agricole au travers de structures sociétaires. J'ajoute le projet de loi relatif à la réforme de l'assurance agricole ou la mission d'information sur le modèle coopératif agricole. Nous avons eu à cœur sur ces bancs de mener des réflexions de fond au-delà du corporatisme et des facilités.

Le budget pour 2022 traduit des engagements que vous-même, monsieur le ministre – ainsi que vos prédécesseurs, et je pense évidemment à notre collègue de la commission des affaires économiques, Stéphane Travert – avez tenus depuis le début de la législature. Ce budget favorise une agriculture résiliente et compétitive qui innove, forme les producteurs de demain, entretient notre patrimoine végétal, structure des filières de qualité, notamment grâce aux signes officiels d'identification de la qualité et de l'origine (SIQO), une agriculture qui réduit son effet sur l'environnement, qui est pleinement en mesure de s'adapter aux aléas climatiques, enfin qui, forte d'une envergure réaffirmée, bénéficie d'aides de la politique agricole commune.

Ce budget encourage également, puisque l'un ne va pas sans l'autre, une alimentation faite au maximum de produits frais et locaux qui nourrissent, comportent un vrai goût, présentent une vraie couleur et se vendent à un juste prix – j'y tiens, en ma qualité de corapporteure de la mission d'information sur les sels nitrités dans l'industrie agroalimentaire. À ce titre, je ne peux que regretter que l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) n'ait toujours pas remis son rapport sur les sels nitrités qui nous avait été promis, d'abord au mois de février puis au mois de juin – je sais, monsieur le ministre, que vous l'attendez également.

Enfin, je me permets de mentionner un sujet connexe qui, du fait de son caractère transversal, n'est pas abordé lors de la discussion budgétaire, alors qu'il est pourtant indissociable de l'agriculture et de l'alimentation : la gastronomie. Ce matin, lors de l'examen de la mission "Économie" , la ministre déléguée chargée de l'industrie a confirmé l'allocation de 5 millions d'euros à l'année de la gastronomie pour la période 2021-2022, afin notamment de préfigurer un « Clairefontaine de la gastronomie », annoncé par le Président de la République. Monsieur le ministre, vous savez combien les enjeux sont grands puisque l'excellence tire tout un écosystème vers le haut. Nous serons à vos côtés pour mener à bien ce chantier qui doit s'inscrire dans la durée, afin que la gastronomie ne soit pas qu'un enjeu élitiste, mais bien, au quotidien, une réalité pour nos agriculteurs et dans nos cantines.

Pour que ces crédits servent, en toute cohérence, notre ambition – qui, nous le savons, est aussi la vôtre –, le groupe La République en marche, évidemment, les votera.

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