Monsieur le Premier ministre, cela fait maintenant quarante-cinq jours que le préfet de police Lallement a installé 150 consommateurs de crack porte de la Villette, à proximité immédiate d'Aubervilliers et de Pantin. Le ministre Darmanin affirmait ici-même, le 28 septembre, que la « situation ne pouvait être que temporaire, pour quelques heures, quelques jours ». Mais rien ne change, tout empire. Les riverains subissent les nuisances et l'insécurité, qui s'ajoutent aux difficultés de longue date du quartier : habitat insalubre, pauvreté, précarité, trafics.
Les consommateurs de drogue sont abandonnés, dans des conditions indignes et inhumaines. Le 28 octobre, le corps d'une jeune femme, morte d'une overdose a été retrouvé ; elle s'appelait Emma, elle n'avait que 28 ans. Voilà où conduit votre inaction criminelle !
Vous ignorez les habitants comme les élus. Le ministre de la santé ne fait rien. Votre seule réponse ? Un mur ! Entre Paris et la Seine-Saint-Denis ! Pire, des poursuites en justice contre les riverains. N'avez-vous pas honte ?
Les solutions sont pourtant connues : dans l'immédiat, des moyens pour la sécurité des riverains et la mise à l'abri des consommateurs de drogue, pour soulager des quartiers qui n'en peuvent plus ; à long terme, une politique globale de lutte contre les trafics, des campagnes de prévention et une prise en charge sociale et sanitaire des consommateurs.
La sixième puissance mondiale serait incapable de venir en aide à 150 personnes ? Maintenant qu'elles ont été déplacées, vers le périphérique et la Seine-Saint-Denis, vous vous en moquez ! Messieurs Darmanin et Lallement osent même prétendre qu'il n'y aurait « pas de riverains ». Vous méprisez tellement ce département et les classes populaires que, pour vous, ses habitants sont invisibles.