Intervention de Sereine Mauborgne

Séance en hémicycle du jeudi 18 novembre 2021 à 9h00
Reconnaissance et réparation des préjudices subis par les harkis — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSereine Mauborgne :

Un arbre comme le pin maritime arrive à maturité en quarante ou cinquante ans – il peut vivre jusqu'à cinq cents ans – et soixante ans nous séparent de l'arrivée des harkis dans l'Hexagone. J'établis cette comparaison car dans le Var, leur empreinte marque la forêt méditerranéenne. Les harkis l'ont façonnée en débroussaillant, en plantant, en entretenant les pistes et les voiries forestières indispensables en cas d'incendie. La forêt leur doit beaucoup et nous leur devons beaucoup.

Trop peu de gens relatent leur participation volontaire, en août 1944, au débarquement de Provence si cher à mon cœur. Par dizaines de milliers, ils se sont courageusement battus pour venir nous libérer. L'entraide et le partage ont perduré en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Ongles fut le premier village d'accueil de groupements harakat, dont les membres sont désignés comme harkis. Il abrite désormais une maison de mémoire et d'histoire. L'aide de militaires français, notamment celle du lieutenant Durand, fut décisive dans le parcours d'hommes, de femmes et d'enfants qui ont traversé les remous de la guerre d'Algérie, comme le mentionnent les documents que m'ont remis des représentants des harkis le week-end dernier.

La reconnaissance de la nation aux anciens membres des forces supplétives et de la responsabilité de la France du fait des conditions indignes de l'accueil sur son territoire des harkis et de leurs familles est inscrite à l'article 1er du projet de loi. C'est la traduction de l'abandon ressenti par les harkis et leurs familles. Il reconnaît l'accueil indigne des harkis rapatriés, notamment de ceux relégués dans les camps. Il témoigne de l'absence d'accès à l'école de la République pour leurs enfants au mépris des valeurs qui fondent la France et du droit qui nous unit.

Le premier volet financier, de 50 millions d'euros, a été voté dans le projet de loi de finances pour 2022. Aujourd'hui, nous posons une pierre supplémentaire et importante avec ce texte qui reconnaît, au-delà des clivages partisans, le sentiment d'abandon. Je remercie la rapporteure et l'ensemble des parlementaires qui voteront pour son adoption. Il entraînera un changement de paradigme en passant de l'assistanat à la réparation, du social à la justice. C'est le ferment de la réconciliation de la nation avec ses composantes.

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