Même les ordonnances du 15 novembre 1958, qui ont fortement fait évoluer le statut de ceux qu'on appelait alors « musulmans » ou « indigènes », ne créaient pas les conditions d'une totale égalité de droits entre les habitants de ce territoire : ils ne votaient pas dans les mêmes collèges ni pour les mêmes élus et une pondération était appliquée aux suffrages.
Si nous voulons enrichir la page de l'histoire de France qui nous occupe aujourd'hui, notamment en accordant des réparations, mais aussi en énonçant la vérité à la tribune de l'Assemblée nationale, ne laissons pas croire que l'ensemble des habitants du territoire qui est devenu ensuite l'Algérie étaient des citoyens égaux en droits, car ce n'est pas exact. Ne blessons pas à nouveau les mémoires : cela aurait pu être le cas, mais ce ne le fut pas.
À ce titre, j'invite chacun à ne pas réécrire l'histoire en défendant ses arguments, par ailleurs tout à fait légitimes. Cette histoire est douloureuse et même tragique, mais rendre hommage, c'est aussi dire la vérité dans toute sa complexité. C'est aussi reconnaître que, contrairement à l'idée que je me fais de la République, tous les citoyens habitant ce territoire n'étaient hélas pas égaux en droits, même si leur statut avait fortement évolué, notamment grâce aux ordonnances de 1958.