Il s'agit, à nouveau, de compléter le premier alinéa en précisant que la nation exprime sa reconnaissance envers les harkis qu'elle a abandonnés « ou accueillis dans des conditions indécentes au regard de leur sacrifice ». Je ne rappellerai pas les sacrifices consentis par les harkis – ils ont été évoqués longuement au cours de la discussion générale –, mais il me semble essentiel de les reconnaître dès le premier alinéa de l'article 1er .
N'oublions pas, en effet, que les harkis n'ont pas été accueillis et traités comme les rapatriés : ce statut était réservé aux personnes d'origine européenne, c'est-à-dire aux pieds-noirs.
Cette distinction avait d'ailleurs été justifiée par le général de Gaulle lui-même en ces termes, lors d'un Conseil des ministres du 25 juillet 1962 : « Le terme de rapatrié ne s'applique évidemment pas aux musulmans : ils ne retournent pas dans la terre de leurs pères ! Dans leur cas, il ne saurait s'agir que de réfugiés ! »
C'est aussi en raison de cette terrible injustice que nous insistons sur la citoyenneté française. Si nous voulons reconnaître le sacrifice des harkis qui se sont battus pour le drapeau français, qui ont été des frères d'armes pour nos propres soldats, il faut le faire pleinement.