J'aimerais répondre de manière circonstanciée à ces amendements et, ce faisant, à d'autres, qui seront bientôt présentés, également en discussion commune, et qui traitent du même sujet.
En effet, plusieurs amendements visent à reconnaître la responsabilité de la France dans l'abandon des harkis et de leurs familles en Algérie après la signature des accords d'Évian. Si leur rédaction varie, tous tendent à reconnaître une faute de l'État et à fonder l'engagement de sa responsabilité.
Les mesures de réparation sont plus ciblées, je l'assume pleinement. Elles concernent spécifiquement l'ensemble des harkis et de leurs familles proches ayant séjourné dans les camps et les hameaux de forestage. La distinction entre une reconnaissance générale de l'abandon des harkis et une réparation ciblée s'explique par le jugement que nous, représentants de la nation, sommes habilités à porter face à l'histoire. Comme l'a indiqué le Président de la République le 20 septembre dernier, il ne nous appartient pas de juger de l'attitude et des décisions des dirigeants de l'époque. C'est aux historiens, et non à nous, de mener ce travail.
L'abandon relève en effet d'une situation extrêmement complexe, à laquelle était confrontée la France lors de la perte d'un territoire particulièrement précieux, dans lequel résidaient de très nombreux citoyens français. Il ne nous revient pas de juger le rôle des dirigeants de l'époque, près de soixante ans après les faits.
Les conditions d'accueil relèvent en revanche d'un choix délibéré de la France d'alors, celui de la relégation sociale et de la dégradation civique et humaine de citoyens que la France aurait tout à fait pu, et aurait dû, traiter dignement. C'est en cela que les mesures de réparation prévues à l'article 2 se justifient.
Poursuivons ce travail mémoriel ! Je donnerai un avis défavorable à tous ces amendements.