Intervention de Nicolas Meizonnet

Séance en hémicycle du jeudi 18 novembre 2021 à 15h00
Reconnaissance et réparation des préjudices subis par les harkis — Après l'article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNicolas Meizonnet :

Je défendrai également, si vous le permettez, madame la présidente, l'amendement n° 12 , dont l'examen doit suivre.

Responsabilité, reconnaissance et réparation envers nos compatriotes harkis sont une nécessité absolue eu égard au sort dramatique qu'eux et leurs descendants ont connu, même lorsque c'est l'objet d'un projet de loi qui survient opportunément à l'approche d'échéances électorales majeures, même si le Président de la République a qualifié de façon scandaleuse la colonisation de crime contre l'humanité, même quand le ministre de l'intérieur rend hommage de façon éhontée à nos ennemis du Front de libération nationale (FLN).

Il n'est jamais trop tard pour panser les plaies encore ouvertes dans la mémoire et dans l'histoire des harkis et des pieds-noirs mais, pour cela, il faut supprimer la date inique du 19 mars 1962 des commémorations officielles. La date du 19 mars n'est pas la date du cessez-le-feu ; c'est la date d'une défaite, la date à laquelle les autorités françaises se désengagent de la défense de leurs ressortissants, la date de la soumission aux exigences du FLN. C'est le début de terrifiantes violences dont furent victimes les Français d'Algérie, les supplétifs engagés pour la France et de nombreux Européens ; nul ne peut ignorer ici cette vérité historique.

Massacre de la rue d'Isly, massacre d'Oran, harkis assassinés mais aussi élus, maires, conseillers généraux et municipaux, chefs de village promenés habillés en femme, nez et oreilles et lèvres coupés, émasculés, enterrés dans de la chaux ou du ciment, brûlés vifs à l'essence, sans compter les centaines, pour ne pas dire les milliers d'Européens enlevés et disparus : voilà ce qui s'est passé après le 19 mars 1962, et voilà pourquoi la plaie est toujours ouverte ; voilà pourquoi, compte tenu de ces événements tragiques, nous devons choisir une autre date.

C'est l'objet de l'amendement n° 12 . Si je ne suis pas opposé au 25 septembre, je propose plutôt de retenir comme journée officielle du souvenir de l'abandon des harkis, la date du 12 mai, date à laquelle le ministre des armées de l'époque, Pierre Messmer, envoya au chef des armées d'Alger, cet ignoble télégramme donnant instruction confidentielle de ne pas permettre aux harkis de rejoindre la métropole. Suite à cela, vous le savez, ce sont près de 150 000 harkis qui furent abandonnés aux mains des bouchers du FLN, seuls 20 000 d'entre eux parvenant, dans des conditions désastreuses, à rejoindre la métropole, où ils furent parqués dans des camps, traités comme des chiens galeux.

La réparation ne doit pas être seulement financière mais aussi mémorielle, car les symboles sont absolument essentiels. Pour cela, supprimons la date du 19 mars et instaurons à sa place la date du 12 mai, plus porteuse de sens et qui ne fait offense à quiconque.

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