Mme la présidente de commission a eu des mots sages. Tout d'abord, l'histoire nous enseigne qu'aucune date – par exemple le 8 mai 1945, que vous avez évoqué – n'est une fin en soi. Les dimensions ne sont pas les mêmes en France, mais même dans notre pays, l'épuration qui a eu lieu après cette date a concerné 10 000 à 20 000 personnes.
Y a-t-il une solution alternative au choix de la date du 19 mars 1962, qui correspond au cessez-le-feu ? C'est un vieux débat ! Faut-il retenir celle du 5 décembre, qui n'est liée à aucun événement historique, pour célébrer la journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes de la guerre d'Algérie ? Ou sommes-nous incapables de nous entendre sur la moindre date ? Si je comprends bien, dans un pays qui aime l'histoire, en voulant mieux honorer la mémoire des personnes ayant vécu cet événement tragique, nous ne trouverions aucune date pour le faire, si ce n'est une qui n'est liée à rien d'autre – sauf erreur de ma part – qu'une prise de parole du Président Chirac.
Revenons donc à quelque chose de factuel, à savoir le 19 mars 1962, qui correspond au cessez-le-feu. Mme la ministre déléguée l'a dit, en ce qui concerne les appelés et nos armées, c'était bien la fin des combats. Cela ne signifie évidemment pas que les choses se sont arrêtées là. Pourquoi ? Car à la différence des conflits entre nations, il s'agissait d'une guerre civile, que vous le vouliez ou non. Le fait colonial avait cette particularité que, depuis 130 ans, des gens vivaient en Algérie et n'avaient, en fin de compte, aucun rapport avec la métropole. Mme la rapporteure l'a évoqué, même les rapatriés n'avaient, le plus souvent, jamais vu la métropole – même s'ils pouvaient avoir un lien de cœur avec elle. Ainsi ces gens ont-ils été contraints de s'arracher à une terre, ce qui n'a rien à voir avec une décision de cessez-le-feu militaire : c'est obligatoirement quelque chose de douloureux et qui s'est déroulé dans la confusion et la rancœur.
Et je ne mentionne même pas le fait qu'une partie des rapatriés a cherché à poursuivre les combats les armes à la main : Mme Tabarot, à travers sa famille, connaît cette histoire mieux que moi.