Intervention de Émilie Bonnivard

Séance en hémicycle du mardi 23 novembre 2021 à 9h00
Questions orales sans débat — Conséquence des féminicides pour les familles

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉmilie Bonnivard :

En France, tous les trois jours, une femme décède sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon. Cette triste réalité reste un échec collectif. Près de 120 femmes ont ainsi été tuées en 2020 et 101 depuis le 1er janvier 2021, leurs proches devant souvent faire face seuls aux conséquences de ces féminicides.

Ces femmes sont aussi des mères qui laissent des enfants orphelins. Ceux-ci sont recueillis par des proches – un oncle, une tante, des grands-parents – qui font leur possible pour organiser du jour au lendemain un nouveau quotidien, sans assistance ni aide adaptée pour ces enfants. Ces proches effectuent de nombreuses démarches pour leur compte, de l'inscription scolaire – alors qu'aucun document administratif n'est disponible – aux nécessaires visites chez le psychologue, dont le coût mensuel n'entre pas toujours dans le budget des familles. Par exemple, les enfants de Céline Firma-Foulon, tuée en 2020, se sont trouvés du jour au lendemain sans papiers, sans affaires. Même s'ils ont été récupérés par leur oncle, l'administration ne peut refaire leurs papiers, en l'absence des détenteurs de l'autorité parentale ou d'une autorisation de ceux-ci. Telle est la situation concrète, qui ajoute de l'exaspération et un sentiment d'injustice et d'impuissance à l'immense souffrance des familles et des enfants. Pensons aussi à l'impossibilité pour ces enfants d'accéder à leurs souvenirs, à leurs photos et jouets, souvent restés dans le logement des parents, qui est placé sous scellés – certains enfants n'ont même pas pu accéder à une photo de leur maman pendant deux ans. Cela crée, j'y insiste, un sentiment d'impuissance et d'incompréhension.

Madame la ministre déléguée, comment apporter sans délai – dans l'urgence – un soutien à la fois matériel et moral à ces familles ? C'est le devoir de l'État. Nous nous devons d'envisager le meilleur moyen d'alléger leurs difficultés et de faciliter leurs démarches administratives ; l'administration doit se montrer compréhensive et doit être formée à ces situations. La bonne solution ne serait-elle pas de prévoir un guichet unique, avec un accompagnement humain qui pourrait se substituer aux familles ?

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