La proposition de loi que nous examinons aujourd'hui concerne des préoccupations très prégnantes pour nos compatriotes vivant en outre-mer. Tous les sujets évoqués dans ces cinq articles sont en débat depuis déjà de nombreuses années. Ils suscitent une forte attente, à laquelle les engagements du Président de la République et de l'exécutif ont constitué une réponse concrète – j'y reviendrai.
L'indemnité temporaire de retraite, le centre des intérêts matériels et moraux, l'indemnité d'installation des militaires ultramarins, leur reconversion professionnelle et leurs congés bonifiés : chacun de ces sujets suscite une attention toute particulière de la part du Gouvernement et de notre assemblée.
Je sais l'implication continue de mes collègues Nicole Sanquer et Philippe Dunoyer, ainsi que celle de la majorité, dans la recherche d'un consensus. Celle-ci s'est traduite par les travaux de notre délégation aux outre-mer, donnant lieu à plusieurs rapports en lien avec les articles de cette proposition de loi.
Personnellement investie dans plusieurs de ces rapports, j'ai eu le plaisir de constater, comme vous, que le Président de la République s'en était lui aussi emparé. En effet, lors de sa visite officielle en Polynésie française en juillet dernier, Emmanuel Macron a confirmé qu'une commission paritaire serait créée pour évaluer les dispositifs de l'INSMET, de l'ITR et du CIMM et répondre ainsi aux inquiétudes qui pèsent sur le quotidien des populations ultramarines.
Avant même l'installation de cette commission, le Gouvernement a souhaité avancer rapidement sur ces questions, restées trop longtemps sans réponse. Dès le 26 octobre, lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2022, la ministre des armées a confirmé qu'une révision du dispositif de l'INSMET avait été engagée pour remédier aux inégalités existant entre les militaires ultramarins de notre pays. Florence Parly a pris l'engagement qu'un projet de décret serait présenté en janvier prochain, constituant une avancée majeure pour l'ensemble des militaires du Pacifique et de Mayotte. Cette promesse de la ministre vient ainsi satisfaire l'article 3 de la proposition de loi.
Concernant l'ITR, le processus de réflexion engagé par Mme de Montchalin – elle-même l'a indiqué tout à l'heure –, et auquel plusieurs de mes collègues ont été associés, montre la volonté d'aboutir à des propositions concrètes et pérennes. Le gel de la mesure d'extinction, prévu par l'article 1er de la proposition de loi, ne permettrait donc pas d'avancer, à plus long terme, vers un système – également réclamé par les syndicats que nous avons auditionnés – susceptible de permettre à l'ensemble des fonctionnaires, quel que soit le versant dont ils relèvent, de surcotiser durant leur carrière afin d'obtenir une pension de retraite plus élevée et plus adaptée au coût de la vie dans ces territoires.
S'agissant du CIMM, il est tout à fait exact que le contrôle des intérêts matériels et moraux suscite des incompréhensions mais aussi des rancœurs. La simplification de l'établissement du CIMM, le développement de l'information sur cette question et l'objectivation des intérêts matériels et moraux permettraient l'uniformisation des attributions. Telle doit être notre feuille de route pour l'avenir.
Néanmoins, inscrire le dispositif de CIMM dans la loi risquerait de compromettre l'ensemble de la jurisprudence constituée au cours de ces dernières années.
Il apparaît par ailleurs – et la ministre l'a confirmé – que ce dispositif joue son rôle et que les demandes de mobilité des fonctionnaires justifiant du CIMM bénéficient de la priorité légale d'affectation.
Sa mobilisation est cependant très inégale. Il serait opportun que les employeurs informent mieux les fonctionnaires de l'existence du CIMM et de ses modalités d'octroi afin de rendre son usage plus fréquent.
Concernant la prise en charge des congés bonifiés tous les deux ans pour les militaires ultramarins, il importe de rappeler que, depuis 2007, les militaires originaires d'une collectivité d'outre-mer peuvent solliciter, à l'occasion de permissions cumulées, la concession d'un passage gratuit, aller et retour, vers leur territoire d'origine. Cette disposition relève cependant du pouvoir réglementaire.
Par ailleurs, s'il peut apparaître opportun d'aligner le régime militaire des permissions cumulées sur celui des congés bonifiés des fonctionnaires, une telle mesure pourrait conduire à une perte pour nos militaires : permissions plus courtes, limitation de l'indemnité de cherté de la vie.
Enfin, s'agissant de la demande de rapport relative à la reconversion professionnelle des militaires, il faut rappeler, comme je l'ai fait en commission la semaine dernière, que Défense mobilité dispose d'une antenne en Polynésie française dédiée à l'accompagnement de la transition professionnelle des militaires et anciens militaires. En outre, produire de tels rapports relève pleinement de la compétence de notre assemblée.
Pour ces raisons, et afin d'assurer la continuité des travaux amorcés et des engagements pris, le groupe La République en marche ne soutiendra pas cette proposition de loi.