…à recevoir des soins de santé de qualité ; à scolariser ses enfants dans des conditions normales – on en est à devoir espérer qu'ils auront cours la moitié du temps. Il est impossible et inacceptable de s'habituer à ces situations. Le Gouvernement emploie les mots « République » et « républicain » à tort et à travers, mais, en quatre ans, qu'a-t-il fait qui justifie leur utilisation à propos de nos compatriotes d'outre-mer ? Peut-on prétendre que leur citoyenneté n'est pas bafouée quand leurs droits sociaux ne sont pas effectifs ? L'hypocrisie qui conduit à dire que tout va bien est délétère.
J'adresse au Gouvernement une solennelle mise en garde contre des événements dont l'ampleur et la force désoleront tous les Français soucieux de la concorde publique : le choix de la répression et du mépris est une provocation appelant des réponses que nous aurons tous à déplorer.
En Nouvelle-Calédonie, le maintien de la tenue du référendum dans des conditions inadéquates à l'expression sereine et confiante de la volonté générale constitue une erreur dont le prix à payer pourrait être exorbitant. Un processus long et délicat est mis en péril par une obstination qui n'est nullement nécessaire et qui ouvre la voie à des contestations. Condamner des syndicalistes, envoyer des renforts de gendarmerie, mobiliser le groupe d'intervention de la gendarmerie nationale (GIGN) et le RAID – Recherche, assistance, intervention, dissuasion – sont autant de gestes qui attisent la défiance envers l'État et abîment le lien de solidarité et de fraternité qui doit unir les membres de la communauté nationale.
Les outre-mer n'ont pas à supporter l'alternance de paroles mielleuses et d'actes odieux dont use le Gouvernement, qui présente d'abord ces territoires comme une chance pour la France avant de montrer qu'il tient surtout leurs habitants pour une population menaçante. Les outre-mer sont effectivement une chance. Ils sont même la matrice d'un universalisme républicain affirmé : celui qui prend acte de la créolisation, qui met le pacte politique et le respect des droits des personnes au cœur de la vie collective et qui, sous cette condition, autorise et nourrit le chatoiement des cultures et la réinvention permanente des traditions.
Finalement, comme dans tant d'autres domaines, force est de constater que le mandat d'Emmanuel Macron aura été un gâchis : nous aurons perdu cinq ans au cours desquels, d'explosions sociales en explosions sociales, il n'aura été question que de replâtrage, quand chacun sait qu'il aurait fallu une révolution. Cela n'a rien d'étonnant : le candidat Macron avait donné la mesure de son désintérêt pour les outre-mer pendant la campagne électorale de 2017. Les mots blessants et les balourdises concernant Mayotte et la Guyane montraient le peu de cas qu'il faisait de la France éloignée de Paris.