La crise sanitaire qui continue de frapper notre pays a montré que nous étions inégaux face au virus covid-19. Parmi celles et ceux qui le contractent, certains en éprouvent des symptômes lourds, d'autres aucun, certains en subissent des effets dans la durée, d'autres n'en gardent aucune séquelle. Pendant un temps, ces symptômes durables qui peuvent être invalidants et perturbants sont restés dans l'ombre. Les mois qui nous séparent du début de l'épidémie ont toutefois permis de documenter progressivement les souffrances endurées par les patients, qu'il s'agisse de fatigue chronique, de difficultés respiratoires ou d'autres maux divers et variés.
Ces symptômes appellent un véritable accompagnement, une meilleure prise en charge, en somme une meilleure prise en considération par notre système de soins. En effet, on estime qu'une personne touchée par le virus sur dix développe ce qui est désormais qualifié de covid long, subissant des effets parfois très invalidants pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois après le début de l'infection. Selon l'INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), 60 % des patients hospitalisés endurent des symptômes persistants six mois plus tard. Au total, 700 000 personnes seraient ainsi concernées en France par ce qu'il est convenu de nommer le post-covid.
Beaucoup de patients se heurtent au scepticisme sur ce qu'ils vivent douloureusement, parfois de la part de membres de la communauté médicale, plus fréquemment de la part de leur employeur. Toutefois, la résolution de notre collègue Patricia Mirallès, votée à l'unanimité en février dernier, a constitué un premier pas permettant une reconnaissance symbolique de leur calvaire. Il convient désormais d'aller plus loin. C'est l'objet de cette proposition de loi présentée par notre collègue Michel Zumkeller. Nous en partageons l'objectif : il est nécessaire de mieux recenser et accompagner les personnes atteintes de covid long et de post-covid ; mais nous restons dubitatifs sur la mise en œuvre de ses préconisations.
La création d'une plateforme de référencement des personnes atteintes de covid long et de post-covid va dans le bon sens, en permettant une meilleure identification des patients, préalable à un meilleur suivi. Il faudra préciser les garanties qui entourent ce dispositif.
Par ailleurs, il serait intéressant de rattacher cette plateforme à l'assurance maladie. Les caisses primaires, à travers les brigades sanitaires, ont joué un rôle primordial de contact avec la population pour casser les chaînes de contamination et informer nos concitoyens. Appuyons-nous sur ces dispositifs. À défaut, il pourrait y avoir un risque de doublon préjudiciable à l'accompagnement des patients.
Concernant l'accompagnement, ce texte propose utilement de renforcer la prise en charge des patients, soit par un médecin traitant, soit par une unité de soins post covid au sein d'un établissement de santé. Si les agences régionales de santé ont mis en place des cellules de coordination post covid à l'appui des médecins et des patients, il apparaît que ce dispositif est encore trop souvent méconnu, ce qui livre ces derniers à ce qu'il est convenu d'appeler l'errance médicale. C'est pourquoi nous souscrivons à votre proposition qui vise à faciliter l'orientation des patients vers les bons interlocuteurs de notre système de soins.
Au-delà, les députés communistes défendent l'idée d'une reconnaissance des covid longs et post-covid en ALD, ce qui permettrait une prise en charge des soins à 100 % par l'assurance maladie. Cette solution, qui a le mérite de la simplicité tout en soulageant financièrement nos concitoyens, est toutefois conditionnée à une intervention réglementaire du Gouvernement. Or rien n'est prévu à ce jour pour avancer sur le sujet. Quelles sont les intentions du Gouvernement sur ce point précis ?
D'autres chantiers complémentaires mériteraient une attention plus poussée. Il convient d'avancer sur la reconnaissance de la covid-19 en maladie professionnelle lorsque le patient a été, par la nature de son travail, particulièrement exposé au virus. Il faut enfin poursuivre les efforts de recherche sur les traitements du covid long et ses causes qui demeurent floues en l'état des connaissances médicales. Le secrétaire d'État a insisté sur ce point à la fin de son intervention, c'est une question majeure sur laquelle il faut nous pencher.
Malgré ces quelques réserves, notre groupe votera ce texte et félicite le groupe UDI-I.