Il y a quelques jours, une politique agricole commune nullissime a été votée au Parlement européen. Elle déroule le tapis rouge à l'agriculture industrielle, et aucune voix de votre délégation LaREM-FNSEA – Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles –, emmenée par Jérémy Decerle, n'a manqué pour la faire adopter, au détriment de nos agriculteurs, des consommateurs et de l'environnement.
La déclinaison nationale de cette politique agricole, le plan stratégique national, n'est pas en reste : continuité des aides à l'hectare plutôt qu'à l'actif ; continuité de l'injustice, puisque 80 % des aides profitent à 20 % des agriculteurs ; aucun paiement pour services environnementaux ; enfumage sur les mesures agroécologiques, avec le faux label haute valeur environnementale (HVE).
Votre plan stratégique national s'éloigne tellement des objectifs de sauvegarde du climat et de l'environnement que l'Autorité environnementale et le Haut Conseil pour le climat ont pris des positions au vitriol sur son contenu, sans oublier d'égratigner vos méthodes pour cacher ce qui vous dérange sous le tapis. La Commission nationale du débat public ne vous épargne pas non plus, notant l'absence de prise en considération de l'avis des citoyens dans la trajectoire que vous dessinez pour l'avenir de nos agriculteurs et agricultrices.
Mais, de tout cela, il ne sera pas question de discuter ici, au Parlement, comme je le réclame depuis deux ans. On se contentera d'un pauvre questionnaire sur le site de votre ministère pour que rien ne change.
Monsieur le ministre de la ferme France – devrais-je plutôt dire de la ferme-usine France ? –, allez-vous enfin prendre la mesure des enjeux : produire des matières premières saines, ici en France, pour rémunérer les agriculteurs et nourrir le pays ?