Intervention de Karine Lebon

Séance en hémicycle du jeudi 2 décembre 2021 à 15h00
Atténuer les inégalités d'accès à l'enseignement supérieur générées par parcoursup — Présentation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaKarine Lebon, rapporteure de la commission des affaires culturelles et de l'éducation :

Mon groupe et moi-même sommes sortis dubitatifs de l'examen de notre proposition de loi en commission. Loin d'être un texte clivant et partisan, celui-ci a pourtant été conçu dans une démarche d'ouverture et de recherche du consensus. Il est aussi l'héritage du sénateur Pierre Ouzoulias, qui a longuement travaillé sur cette question.

Si notre groupe souhaite à moyen terme une réforme ambitieuse du système scolaire s'appuyant sur des investissements financiers massifs ainsi que l'abandon de Parcoursup, notre volonté aujourd'hui est de remédier aux dysfonctionnements les plus patents de cette plateforme. À cet effet, nous nous sommes appuyés sur les rapports de différents organismes – Cour des comptes, Défenseur des droits, Centre national d'études des systèmes scolaires –, sur les conclusions d'une mission d'information sénatoriale conduite par un parlementaire du groupe Les Républicains et sur l'expérience des usagers de Parcoursup. Les lycéens et leurs familles, ainsi que les étudiants, ont dénoncé le stress lié à cette procédure dans des sondages d'opinion ou au cours des auditions. Aussi, la question que nous nous posons est simple : pourquoi ce problème laisse-t-il la majorité et le Gouvernement indifférents ? Considèrent-ils réellement que le système Parcoursup est parfait ? Répondre par l'affirmative à cette question ressortirait au mieux de la cécité, au pire d'un mépris pour les milliers de jeunes qui subissent les dysfonctionnements de cette plateforme et les conséquences majeures qu'ils ont pour leur parcours de vie.

Lorsqu'il s'agit de prendre des décisions pour la jeunesse et son avenir, notre devoir le plus élémentaire est de tenir compte de son ressenti et de ses aspirations. Nous nous sommes livrés à cet exercice et nous n'avons pu que constater la très grande perfectibilité de la procédure d'accès à l'enseignement supérieur, qui est aujourd'hui vécue comme un facteur d'insatisfaction, d'arbitraire et d'angoisse.

Le déploiement de la plateforme Parcoursup a permis de mettre un terme au système du tirage au sort d'admission postbac (APB) et constitue, certes, un espace unique sur lequel est centralisé un nombre croissant d'informations relatives aux formations du supérieur. Cela ne saurait toutefois masquer la sélectivité croissante de l'accès à l'enseignement supérieur. En effet, l'augmentation de la démographie étudiante n'a pas donné lieu aux investissements financiers nécessaires, tant en volume que du point de vue de l'adéquation de la répartition des moyens avec les besoins du terrain. La Cour des comptes déplore que les nouvelles places financées n'aient pas profité aux formations les plus sous tension. Aucun algorithme ne pourra compenser ce sous-investissement qui trahit un manque d'ambition pour notre système éducatif.

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