Intervention de Sabine Rubin

Séance en hémicycle du jeudi 2 décembre 2021 à 15h00
Atténuer les inégalités d'accès à l'enseignement supérieur générées par parcoursup — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSabine Rubin :

Permettez-moi d'abord d'en dresser un bilan. J'écarterai au préalable la grossière propagande du ministère, qui prétendait en septembre ne comptabiliser que 239 élèves sans solution, ne retenant que ceux qui, sans affectation, ont maintenu leur recours devant les CAES, les commissions d'accès à l'enseignement supérieur. Soyons sérieux : en 2019, sur les 570 000 bacheliers ayant formulé un vœu sur la plateforme, 92,5 % d'entre eux avaient reçu une proposition d'admission. Ce sont donc plus de 42 000 lycéens qui auront été laissés sur le carreau, une moitié recevant des réponses négatives, l'autre ayant abandonné. Et l'on dénombrait plus de 148 000 candidats en réorientation, dont 17 % sans proposition.

Aurait-il fallu du temps pour que nos jeunes apprivoisent cette nouvelle plateforme ? Hélas, les chiffres ne sont guère meilleurs s'agissant de l'année 2020 : pour ne prendre que l'exemple de Paris 8, au sein de filières dites non sélectives, comme la licence informatique, 1 991 vœux ont été confirmés pour seulement 70 places. Un véritable chemin de croix, c'est le cas de le dire : beaucoup d'appelés mais peu d'élus ! Et la dernière rentrée confirme cette tendance. En outre, 82 % des lycéens jugent la plateforme stressante et 61 % l'estiment injuste. Parcoursup n'est donc pas un franc succès, de quelque point de vue que ce soit.

Certes, cette proposition de loi ne prétend pas résoudre l'ensemble des problèmes qui désagrègent l'enseignement supérieur mais, comme son intitulé l'indique, elle entend, modestement mais avec sérieux, en atténuer les effets délétères. Elle le fait tout d'abord en assurant a minima la transparence de la procédure avec l'obligation de communication des critères et des algorithmes, pour ne pas laisser les seuls « sachants » préempter des cursus qui sont autant de sésames ; ensuite, en anonymisant le lycée d'origine des bacheliers pour éviter que l'assignation géographique soit synonyme d'assignation sociale ; en tenant compte également du taux de pression exercé sur chaque formation ; en renforçant, enfin, l'aide à l'orientation des élèves et leur accès à l'information : en effet, savoir, c'est pouvoir. Mais hélas, votre gouvernement a supprimé le service public de l'orientation, et les cinquante-quatre heures annuellement consacrées à l'orientation au lycée sont largement insuffisantes en terminale.

On ne pourra pas éviter la question des moyens alloués à l'enseignement supérieur et à la recherche : avec 20 % d'étudiants en plus sur la période 2008-2018 et une hausse d'à peine 10 %, faire mieux avec moins, c'est résoudre la quadrature du cercle. Il faut également parler du manque d'encadrement, à côté de l'ouverture de places. Cette augmentation significative du budget, vous nous la refusez encore, alors que l'on s'apprête à voter le dernier projet de loi de finances.

Si cette proposition de loi se présente comme un premier pas, raison pour laquelle nous la voterons, on ne pourra faire l'économie d'abroger complètement Parcoursup et d'investir fortement dans le supérieur, comme d'ailleurs dans l'ensemble du système éducatif, pour en finir véritablement avec cette reproduction sociale que nous connaissons dans nos écoles, depuis la maternelle jusque dans les universités.

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