comment vous pouviez, avec tant de certitude et d'entêtement, contester les évidences qui émaillent pourtant ce débat ?
Rappelons-le : l'AAH n'est pas un cadeau de l'État. Elle constitue un minimum social versé sous conditions et de manière différentielle, et ce sont les revenus totaux d'un foyer qui président au calcul de son montant. Concrètement, au regard des conditions d'attribution et de calcul de cette allocation, la solidarité nationale intervient actuellement après la solidarité familiale. C'est une prestation dont l'objectif est de compenser le fait que des personnes soient éloignées de l'emploi du fait de leur handicap : elle est versée comme un substitut au salaire.
Elle fut en 1975 une avancée considérable ; depuis, un demi-siècle s'est écoulé et les accidents de la vie venant briser ou affaiblir des existences n'ont malheureusement pas disparu. Pourtant, depuis 2019, malgré de multiples tentatives venues du Sénat et des différents groupes de l'Assemblée pour réparer l'injustice de son mode de calcul, rien n'a bougé, ou si peu. La situation actuelle est évidemment injuste et regrettable, et ce pour plusieurs raisons : l'AAH doit répondre au caractère durable voire irréversible du handicap ; et pourtant, l'autonomie financière des personnes en situation de handicap qui en sont bénéficiaires reste largement dépendante des revenus de leur foyer.
Comment concevoir que nous pourrions être dépendants de notre conjoint ou encore de nos enfants pour vivre, nous épanouir, nous insérer ? Personne ne l'accepterait. Alors, au nom de quel principe obtus demandons-nous à ceux de nos concitoyens qui sont les plus fragilisés par l'existence de l'accepter ? Il n'est ici point question de misérabilisme, madame la secrétaire d'État, mais bien de droits et d'indépendance.