Intervention de Sophie Mette

Séance en hémicycle du mardi 7 décembre 2021 à 9h00
Questions orales sans débat — Patrimoine culturel afghan

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Mette :

Tout d'abord, madame la ministre de la culture, nous sommes ravis que vous soyez de retour dans l'Hexagone.

Cette année, lors d'une précédente question orale sans débat, je vous interrogeais sur l'avenir de l'Europe de la culture, dans la perspective de la présidence française de l'Union européenne. Celle-ci étant désormais imminente, je vous interroge de nouveau en évoquant cette fois un sujet à propos duquel la France devrait, selon moi, mobiliser les forces de l'Union européenne.

Cet été, comme chacun sait, les talibans ont repris le pouvoir en Afghanistan. En ce mois de novembre 2021, la crise humanitaire a atteint un niveau critique. La France s'est immédiatement engagée à défendre ceux qui ont travaillé pour elle ainsi que les artistes. Qu'en est-il de ceux qui protègent le riche patrimoine culturel afghan ?

Les professionnels de la culture travaillaient depuis plus de deux décennies à remettre sur pied la culture du pays, des chercheurs jusqu'aux étudiants, en passant par le personnel des musées et les archéologues. Au fil des années, le superbe minaret de Djam, classé à l'UNESCO, n'a par exemple été sauvegardé que grâce à leurs efforts.

Les femmes et les hommes qui ont œuvré pour la protection, la restauration ou même la compréhension d'œuvres culturelles en Afghanistan sont depuis cet été menacés de mort. Les talibans, comme l'État islamique en son temps, font parfois des ravages lorsque des représentations historiques et culturelles ne leur conviennent pas.

Le patrimoine afghan, qu'il soit matériel comme les nombreux sites de l'âge du bronze, ou immatériel tel que le chant ghazal, contient des éléments nécessaires à la cohésion de la nation. La société afghane est plurielle, aussi bien du point de vue religieux que tribal. Or rien ne montre aussi bien à la fois l'unité et la complexité d'une histoire et d'une culture que le patrimoine. Celui-ci est nécessaire à la construction d'une société ouverte, prête à aller de l'avant.

Michelle Bachelet, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, a elle-même reconnu la valeur humanitaire de ces activités, ainsi que le droit à la protection des travailleurs de la culture lors des conflits.

Les Occidentaux ont laissé apparaître des désaccords et subi de lourds échecs militaires en Afghanistan. La gestion de la crise liée à l'arrivée des talibans en révèle de nouveaux. La France et l'Europe, après des millénaires de civilisation et de guerres, connaissent, peut-être mieux que quiconque, la valeur de leur patrimoine.

La culture et la protection du patrimoine ne peuvent-elles pas conduire l'Europe à agir de façon unie ? La France inclura-t-elle les professionnels du patrimoine culturel afghan dans sa liste de rapatriements prioritaires ? Certains ont-ils déjà eu lieu et, si tel est le cas, comment le suivi des personnes concernées est-il assuré ? Enfin, la France mettra-t-elle à profit sa présidence du Conseil de l'Union européenne pour encourager l'Europe à agir davantage pour la défense du patrimoine, en Afghanistan et partout où il est menacé ?

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