Il faut des mesures urgentes, vous avez raison, monsieur le député, et aussi des mesures d'ordre plus structurel, car vous savez bien que la situation de démographie médicale à laquelle sont confrontés un certain nombre de nos territoires, non seulement dans la ruralité mais aussi dans des zones urbaines denses, ne date évidemment pas d'aujourd'hui. Les réponses structurelles mettront par définition un certain temps à se concrétiser, mais il est clair que le défi démographique à relever est grand. Le nombre de médecins en accès direct, qu'ils soient généralistes ou spécialistes, connaît une baisse régulière depuis 2010 et l'on estime que celle-ci pourrait se poursuivre jusqu'en 2025.
Cette situation, prégnante dans certains territoires, pénalise de nombreux Français. C'est pourquoi le Gouvernement a fait de cette problématique une priorité dès le début du quinquennat en proposant très rapidement un panel de solutions. Car il n'y a pas de réponse unique et immédiate : il faut à la fois des réponses d'urgence et des réponses structurelles de plus long terme, des réponses qui tiennent compte aussi – vous me rejoindrez sur ce point, j'en suis convaincu – des spécificités locales, dans un lien de confiance avec les acteurs du territoire.
C'est bien la dynamique – vous me voyez venir, je pense – qui sous-tend les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) : récemment mises en œuvre, elles illustrent de manière éclairante la capacité d'innovation que nous voulons stimuler. Grâce à ce dispositif, les professionnels d'un même territoire sont incités à s'organiser entre eux pour répondre aux besoins de la population ; en permettant le développement de la maîtrise de stage et en facilitant les relations avec l'hôpital et avec les services sociaux, les CPTS conduisent à améliorer la situation des territoires.
Les efforts collectifs doivent bien entendu être poursuivis pour accélérer le déploiement des CPTS, mais je peux dire que les territoires – je m'y déplace beaucoup – disposent déjà de cet outil. Il constitue un cadre, davantage qu'un outil, qui semble réaliser de plus en plus pleinement son potentiel : les CPTS permettent à l'exercice coordonné de se développer et au lien entre ville et hôpital de se renforcer.
Vous évoquiez aussi la télémédecine. La téléconsultation a d'ores et déjà été intégrée dans les bonnes pratiques de la mission socle 1 dévolue aux CPTS. Du fait de leur caractère structurant, certaines mesures que nous avons prises ne peuvent avoir un effet immédiat ; c'est pourquoi nous avons aussi pris des dispositions dont nous attendons un impact à plus brève échéance. Citons par exemple – je sais que vous suivez attentivement certains de ces sujets et que vous connaissez les autres – la création de 4 000 postes d'assistants médicaux ou encore le déploiement de 400 médecins généralistes.
Enfin, vous évoquiez la dérogation prise pour permettre aux pharmacies de procéder au renouvellement des ordonnances une à deux fois. C'est en effet un dispositif exceptionnel qui avait été lancé dans des circonstances exceptionnelles, celles du confinement lié à la crise du covid-19. Une telle expérimentation doit encore faire l'objet d'une expertise à laquelle doivent participer l'ensemble des parties prenantes, afin de voir dans quelle mesure il serait pertinent de la prolonger.