Intervention de Philippe Latombe

Séance en hémicycle du mardi 7 décembre 2021 à 15h00
Questions au gouvernement — Réquisition des données de connexion

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Latombe :

Vendredi dernier, le Conseil constitutionnel a censuré, au nom du respect de la vie privée, un dispositif du code de procédure pénale permettant la réquisition de données de connexion – comme les factures détaillées téléphoniques – dans le cadre d'une enquête préliminaire. Cette censure était attendue, au vu de la jurisprudence des cours européennes.

Le groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés est très attaché au respect des libertés, notamment au respect de la vie privée. C'est la raison pour laquelle j'ai eu l'occasion d'aborder cette éventuelle censure avec vous, et de souligner la nécessité d'en anticiper les conséquences. Pour notre groupe, il était indispensable de permettre aux forces de police et à la justice d'avoir les moyens légaux d'accomplir les investigations nécessaires à la manifestation de la vérité, mais ceci, dans le respect des droits de tous les citoyens, c'est-à-dire en assurant un usage proportionné d'une technique de surveillance pouvant être très intrusive.

Conscient des conséquences manifestement excessives qu'engendrerait l'abrogation immédiate des dispositions contestées, le Conseil constitutionnel l'a différée au 31 décembre 2022. Ainsi, les mesures prises avant cette date ne pourront pas être contestées sur le fondement d'une inconstitutionnalité. Cet effet différé, qualifié par un avocat de « bombe à fragmentation », pose plusieurs questions liées à la période de transition.

Afin de tirer les conséquences de la décision du Conseil constitutionnel, quel agenda législatif envisagez-vous d'appliquer pour mettre notre législation en conformité avec la Constitution et avec la norme européenne ?

En attendant de légiférer à nouveau, comment les enquêtes préliminaires pourront-elles être menées ? N'y a-t-il pas un risque de recours contre l'inconventionnalité de ces mêmes articles, par des avocats qui invoqueront l'arrêt Prokuratuur de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) du 2 mars 2021 ? Enfin, comment budgéterez-vous les postes de magistrats dédiés à ces questions et à cette transition ?

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