Je tiens à commencer mon intervention en exprimant quelques regrets. Les députés du groupe Mouvement démocrate (MODEM) et démocrates apparentés, comme d'autres qui se sont déjà exprimés, déplorent que nous soyons amenés à examiner le texte que nous avions voté en première lecture et transmis à nos collègues du Sénat, lesquels l'ont repoussé sans autre forme de procès.
Certes, les majorités des deux chambres s'opposent souvent, en particulier sur des textes aussi politiques que le budget – surtout le dernier du quinquennat. Reconnaissons toutefois que les lectures dans chaque chambre permettent d'enrichir le texte, en y intégrant des apports auxquels les élus de l'autre chambre n'avaient pas pensé initialement. Notre groupe est attaché au bicamérisme : celui-ci est intrinsèquement bon quand chacune des deux chambres s'attache à travailler la matière et non à se perdre dans de vains coups politiques.
C'est bien ainsi, en effet, que nous sommes tenus de qualifier le comportement de nos collègues sénateurs de gauche et de droite qui, rassemblés pour l'occasion, ont décidé, après avoir examiné la première partie du texte, de la repousser d'un coup d'un seul, pour avoir une minute de gloire. Une telle attitude dessert le bicamérisme, affaiblit l'image du Sénat et celle de la politique, aux yeux de nos concitoyens.
Venons-en au fond du débat. Que n'avons-nous pas entendu sur ce projet de budget : il serait à la fois trop restrictif et trop lâche, trop prudent et trop imprévoyant, trop électoraliste et trop technocratique, trop déficitaire et trop austéritaire, ou que sais-je encore : en somme, il serait tout et rien ! Les députés démocrates pensent exactement le contraire : ce budget est proportionné et nécessaire.
Il est nécessaire, car il permet d'accompagner la reprise et de faire face aux difficultés causées par la crise. Je pense, bien entendu, aux différents dispositifs qui permettront d'atténuer les conséquences des hausses de prix, au premier rang desquels figure la prime inflation de 100 euros accordée à tous les fonctionnaires et retraités percevant moins de 2 000 euros net par mois. Dans un second temps, le bouclier tarifaire aura vocation à atténuer le contrecoup des hausses des prix de l'électricité et du gaz sur les marchés de gros pour les particuliers. Bien évidemment, comme le ministre délégué l'a annoncé, nous compléterons ces éléments en prenant des mesures supplémentaires pour parer à la dégradation de la situation et à la hausse des prix survenues ces dernières semaines.
Ce projet de loi de finances est également nécessaire en ce qu'il permet d'accompagner la sortie de crise, en y consacrant des fonds importants. Plusieurs dispositifs du plan France relance, que je ne détaillerai pas ici et qui seront déployés en 2022, permettront ainsi de soutenir les populations les plus fragiles. À ce dispositif, que chacun ici connaît, s'ajoute le nouveau plan France compétences, annoncé par le Premier ministre et que nous avons adopté à l'occasion de l'examen du texte en première lecture. Il doit permettre d'offrir une formation à 1,4 million de personnes éloignées du marché de l'emploi, en ciblant prioritairement les métiers en tension, afin de maximiser les chances que cette formation débouche sur un emploi stable.
Car nous connaissons tous les métiers et les secteurs qui sont en tension : la construction, les industries et, dans les services, la restauration mais pas seulement. On ne compte plus les chefs d'entreprise qui disent vouloir et pouvoir travailler et investir davantage mais se trouvent aujourd'hui limités par les difficultés à recruter. Le plan Compétences est un volet fort de notre réponse à la demande et à l'offre, mais aussi un soutien à l'emploi et au travail.
Ce budget est également nécessaire non seulement pour accompagner la reprise face aux difficultés engendrées par la crise mais aussi, contrairement à ce qui est souvent dit, pour continuer les réformes jusqu'au dernier moment comme nous l'avions annoncé.
Il le montre clairement, d'abord avec le volet fiscal du plan en faveur des indépendants, auquel est consacré un projet de loi sur lequel la commission spéciale va commencer ses travaux la semaine prochaine – je salue Jean-Paul Mattei pour son investissement sur ce sujet. Nous voulons faciliter la vie de tous les entrepreneurs en les protégeant mieux, en facilitant la transformation des entreprises et, surtout, en accompagnant leur développement. Dans cette perspective, le groupe Démocrates avait plusieurs propositions dont nous n'avons su ou pu vous convaincre, chers collègues ; nous le regrettons, mais peut-être y aura-t-il des évolutions.
Ce budget pose aussi la première pierre du plan France 2030, qui reprend et amplifie la dynamique de France relance : il y a donc bien continuité. Grâce aux réformes que nous avons entreprises depuis 2017, la France a rattrapé son retard ; elle redevient une grande nation innovante, à la pointe des technologies d'avenir.
Enfin, n'oublions pas que ce budget, en entérinant la baisse de l'impôt des ménages et la baisse des impôts sur les entreprises, s'inscrit dans la continuité de tous nos budgets précédents et de toutes les mesures que nous avons prises depuis le début de la législature : plus de 50 milliards d'euros auront été redonnés…