Mes chers collègues, je suis ravie d'être parmi vous ce soir, pour voter un texte qui s'inscrit dans la longue marche vers la parité. Soixante-quinze ans après le préambule de la Constitution de 1946, qui proclame que « la loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux des hommes », on constate encore un décalage entre les droits reconnus aux femmes et la réalité.
Nous avons pourtant connu des avancées notables, telles que la loi du 13 juillet 1965 qui autorise les femmes à ouvrir un compte en banque à leur nom et à travailler sans le consentement de leur mari ; la loi du 6 juin 2000 qui prévoit l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux ; la loi Copé-Zimmermann du 27 janvier 2011 qui impose 40 % de femmes dans les conseils d'administration des entreprises. Cependant, des inégalités persistent et les femmes ont encore beaucoup à faire pour atteindre l'autonomie bancaire et financière. La ministre déléguée Élisabeth Moreno déclare à juste titre que « demander l'égalité salariale, ce n'est pas demander la charité ». En effet, il n'est pas acceptable, en 2021, que les femmes aient une rémunération en moyenne 10,5 % inférieure à celles des hommes à poste égal.
La crise a aussi accentué les inégalités. Les femmes ont été durement touchées car elles sont surreprésentées dans les secteurs du social et du médical : elles sont 75 % dans le secteur de la santé, plus de 80 % dans les EHPAD et dans l'éducation, et plus de 90 % dans le secteur du nettoyage et de la propreté.
Le texte que nous votons aujourd'hui vise à accélérer l'égalité économique et professionnelle. Je remercie Marie-Pierre Rixain pour la qualité de son travail et son engagement en tant que présidente de la délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes. L'objectif que nous partageons, c'est l'égalité, afin de ne pas priver la société en général et les entreprises en particulier du potentiel de création de richesse par les femmes.
Je me réjouis que l'Assemblée nationale et le Sénat aient su parvenir à un accord sur le texte. Je tiens à saluer les dispositions suivantes : la garantie de l'indépendance financière et bancaire des femmes ; l'intégration de la définition des crèches à vocation d'insertion professionnelle dites crèches AVIP ; la création d'un index mesurant les écarts de représentation entre les hommes et les femmes aux postes à responsabilité et la mixité dans les jurys d'admission dans les établissements supérieurs.
Nous constatons que les stéréotypes genrés persistent, notamment dans le choix des carrières professionnelles. L'enseignement supérieur doit se sentir investi d'une mission particulière pour la mixité, car l'orientation professionnelle est majoritairement due à l'orientation scolaire. Ce texte prévoit ainsi que les établissements d'enseignement scolaire dispensant une formation d'enseignement supérieur rendront publiques des statistiques comportant des indicateurs permettant de mesurer la répartition par sexe des élèves dans les classes préparatoires aux grandes écoles, et je m'en réjouis.
S'agissant de la place des femmes dans le monde du travail, je suis pour une meilleure représentativité dans les entreprises. Un effort de transparence est nécessaire. Le texte prévoit que les entreprises de plus de 1 000 salariés aient une proportion d'au moins 30 % de femmes parmi les cadres dirigeants et les cadres membres des instances dirigeantes.
Enfin, s'agissant de l'entrepreneuriat, les femmes ont la même volonté que les hommes de créer leurs entreprises. Nous devons effectivement introduire des objectifs de mixité dans la politique de soutien à la création et au développement d'entreprises de BPIFrance.
Je n'ai qu'un regret : à mon sens, le texte ne développe pas suffisamment les modes de garde, compte tenu de la volonté des femmes de s'investir dans leur carrière professionnelle.
Pour toutes les avancées que j'ai énumérées, le groupe UDI et indépendants votera pour ce texte. Les lois ont permis de faire considérablement évoluer les droits des femmes. Il reste beaucoup de travail à accomplir pour déconstruire les préjugés, mais nous pouvons aujourd'hui nous réjouir d'apporter notre pierre à l'édifice.