Cet amendement est très important. Celui que nous venons d'adopter vise à créer un chapitre dédié au funéraire. C'est le sénateur Jean-Pierre Sueur qui a introduit des dispositions relatives au droit funéraire ; ce n'était pas une intention initiale du Gouvernement, mais ce texte est l'occasion d'aborder ces questions. Celle concernée par le présent amendement a été soulevée par la Défenseure des droits, qui a rendu très récemment un rapport à ce sujet.
Par cet amendement, je souhaite appeler l'attention du Gouvernement sur la coexistence, au sein du code général des collectivités territoriales, des notions de « plus proche parent » et de « personne ayant qualité pour pourvoir aux funérailles ». Dans son rapport, la Défenseure des droits a appelé de ses vœux la tenue d'une réflexion sur l'unification de ces deux notions.
Je vais vous expliquer pourquoi cette coexistence pose problème. La Défenseure des droits relève que la souplesse dans les termes utilisés peut permettre l'appréhension d'une cellule familiale élargie ou recomposée, mais que la coexistence au sein du code de deux notions qui ne renvoient pas aux mêmes liens avec le défunt nuit à la compréhension du droit en vigueur. Il est surprenant que l'accord du « plus proche parent » soit nécessaire pour solliciter une exhumation, tandis que l'autorisation de crémation, mesure qui affecte la préservation du corps, nécessite pour sa part uniquement l'initiative de la « personne ayant qualité pour pourvoir aux funérailles ». Cette dernière notion est floue et la jurisprudence a dû la clarifier par la suite.
La Défenseure des droits explique que ces deux notions témoignent de l'évolution inachevée de la réglementation funéraire face aux recompositions de la cellule familiale. La notion de « plus proche parent » renvoie à une conception traditionnelle ; celle de « personne ayant qualité pour pourvoir aux funérailles » constitue une ouverture vers un lien avec le défunt qui, progressivement, se détache du cadre restreint de la famille lignagère, c'est-à-dire la famille du sang et la famille par alliance.
Par cet amendement d'appel, madame la ministre, je souhaite vous interroger sur vos intentions concernant la coexistence de ces notions. Elle est problématique lorsqu'on est confronté à des situations de deuil, qu'on est empêché d'agir et qu'on est renvoyé à une notion juridique spécifiant qu'on n'est pas le « plus proche parent ». Il est important pour nos concitoyens que nous clarifiions les choses.