Je suis également totalement défavorable à cet amendement, d'abord parce qu'on pourrait discuter sur ce qu'est l'expérience, ensuite parce que, comme le dit Brassens, « le temps ne fait rien à l'affaire… quand on est con, on est con. »
Il me semble par ailleurs que le Président de la République et, si vous le permettez, votre modeste serviteur, sans compter le rapporteur et votre présidente, montrent qu'on peut, sans expérience, avoir un minimum de compétences. Il serait d'ailleurs assez étonnant de considérer que le ministre puisse être jeune mais que les agents de la DGFiP doivent être plus âgés : cela me rappelle mon directeur général des services qui m'expliquait, lorsque je suis devenu maire à trente et un ans, qu'il ne fallait pas nommer un directeur de la police municipale âgé de trente-cinq ans parce qu'il était trop jeune…
Je pourrais également vous renvoyer à Carambolages ce très bon film dialogué par Michel Audiard, avec Louis de Funès et Jean-Claude Brialy. De Funès y incarne le patron d'une firme, dont le bureau est au dernier étage, tandis que Jean-Claude Brialy joue le rôle d'un jeune ambitieux, intelligent, cantonné au rez-de-chaussée. Ayant soufflé à son patron l'idée d'un nouveau produit à lancer et ce dernier ayant trouvé l'idée formidable, Brialy en profite pour lui demander d'accélérer son avancement, la personne qu'il est censé remplacer ne partant à la retraite que deux ans plus tard. De Funès a alors une réplique formidable et explique qu'une société où l'on prend, lorsqu'il part à la retraite, la place de son supérieur hiérarchique direct, est une société merveilleuse puisqu'on n'y récompense guère le mérite – ce qui serait arbitraire – mais l'ancienneté – ce qui est objectif. Je pense pour ma part que le mérite peut parfois être une donnée objective et que l'expérience n'est pas ce qui fait un bon ou un mauvais agent, notamment à la DGFiP. Il y a sans doute de bons et de mauvais agents mais on ne saurait fonder la nomination des contrôleurs fiscaux sur le seul critère de l'expérience.