Intervention de Olivier Véran

Séance en hémicycle du mardi 4 janvier 2022 à 15h00
Outils de gestion de la crise sanitaire — Discussion des articles

Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé :

Je commencerai par donner quelques éléments de contexte concernant les effets du covid sur les enfants, car de nombreux intervenants se sont interrogés sur ce point. D'après les chiffres dont je dispose actuellement, depuis le début de la pandémie, treize enfants âgés de 0 à 9 ans et quinze enfants âgés de 10 à 18 ans sont décédés, soit vingt-huit décès au total, dont trois sont formellement imputables au covid. Les vingt-cinq restants sont potentiellement liés au virus, sans que ce lien soit avéré.

À ce jour, soixante-quatre enfants sont hospitalisés dans un service de réanimation pédiatrique pour un covid grave, soit deux fois plus que le chiffre maximal enregistré en France depuis le début de la pandémie – le précédent record avait été atteint en novembre ou décembre, lorsque trente enfants avaient été pris en charge en réanimation. Il faut y ajouter quatre-vingt-quatre cas de syndromes inflammatoires multisystémiques pédiatriques (PIMS), qui entraînent des défaillances vasculaires et organiques. Rassurez-vous cependant : le pronostic de rétablissement de ces syndromes est très bon. Enfin, quarante enfants sont hospitalisés pour d'autres complications liées au covid.

J'estime qu'un enfant à l'hôpital, c'est déjà beaucoup, et que soixante enfants placés en service de réanimation pour une maladie infectieuse, c'est énorme. Or, même si ces chiffres restent beaucoup moins impressionnants que pour les adultes, l'évolution de la pandémie poursuit sa dynamique haussière à mesure que nous encaissons le contrecoup de la vague due au variant delta qui, vous le savez, a touché de nombreux enfants du fait de la circulation accrue du virus. Ainsi, le risque pour un enfant de présenter une forme grave du covid, s'il est statistiquement très faible, est bien réel.

Que savons-nous du vaccin ? Nous disposons des données américaines portant sur 7 millions d'enfants ayant reçu le vaccin Pfizer dilué – un vaccin spécifique aux enfants, donc, qui ne pourrait pas être administré à un adulte dans un pays du tiers-monde. Quatorze d'entre eux ont présenté une myocardite ou une péricardite, qui constituent les effets indésirables les plus graves que la vaccination par ARN messager puisse provoquer. Dans tous les cas, les symptômes ont été réversibles et ont donné lieu à des hospitalisations courtes.

Au vu de ces chiffres, les autorités sanitaires européennes, françaises et américaines estiment qu'au-delà du bénéfice collectif, la vaccination des enfants apporte un bénéfice individuel direct : un enfant présente un risque beaucoup plus faible de développer un effet indésirable grave lié à la vaccination que de développer une forme grave du covid s'il est contaminé sans être vacciné. Nous encourageons donc la vaccination des mineurs. C'est pourquoi, à l'heure où je vous parle, elle est ouverte en France comme dans la quasi-totalité des pays occidentaux.

Je ne reviendrai pas sur la logique qui préside à la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal : nous en débattons depuis hier. Cette logique s'applique aussi aux adolescents, pour plusieurs raisons. D'abord, près de 80 % des enfants âgés de 12 à 17 ans sont actuellement vaccinés en France, et 77 % ont bénéficié d'un schéma vaccinal complet. C'est beaucoup. Disons les choses clairement : ce résultat a en grande partie été atteint sous l'impulsion de l'instauration du passe sanitaire. De nombreuses réticences s'étaient exprimées lorsque le Parlement avait dû étendre le passe sanitaire aux adolescents. Ces doutes sont tombés, parce que le constat a été fait que les parents faisaient vacciner leurs adolescents et que nous ne rencontrions pas de difficultés particulières.

Un cinquième des adolescents ne sont donc pas vaccinés. Là encore, soyons clairs : beaucoup d'entre eux sont les enfants d'adultes qui ne sont eux-mêmes pas vaccinés. Il convient donc de distinguer deux choses. C'est l'objet du sous-amendement.

Parce que nous sommes à l'écoute des parlementaires ,

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