Je veux d'abord vous dire que l'obligation vaccinale des soignants est un très grand succès, que cela vous satisfasse ou non. Et je n'en ai jamais douté.
Certains membres de cette assemblée avaient dit qu'en instituant une obligation vaccinale pour les soignants, nous courrions le risque de voir des dizaines de milliers de soignants quitter les hôpitaux ou la médecine de ville pour aller faire tout autre chose. Je faisais partie de ceux qui étaient confiants, car je les connais bien : c'est ma famille.
Je savais que, quand ils vont soigner les personnes fragiles, dans les EHPAD ou dans les hôpitaux, ils n'ont pas envie de leur transmettre un virus. Ceux d'entre nous qui ont porté la blouse blanche un jour ont tous été vaccinés de façon obligatoire contre d'autres maladies. La vaccination n'a pas posé de difficulté majeure et l'accompagnement a été absolument remarquable. Je l'ai dit tout à l'heure au sujet de l'outre-mer et en particulier de la Guadeloupe, mais j'aurais pu parler de la métropole.
Vous entremêlez deux situations entièrement distinctes pour montrer qu'il y aurait quelque chose d'illogique. Ce n'est pas le politique, mais le Haut Conseil de la santé publique qui recommande de prévoir une situation « exceptionnelle ». En effet, dans une situation de très forte tension hospitalière, de très nombreux soignants sont cas contacts, ou contaminés mais asymptomatiques ou très peu symptomatiques, comme en Angleterre ou en Écosse où, à certains moments, 20 à 25 % des soignants ne pouvaient pas travailler. Pendant une durée très courte, de quelques jours, et de façon exceptionnelle, pour assurer la continuité des soins dans des unités critiques où on ne peut pas se passer d'eux, on peut alors conférer cette dérogation. Cela ne signifie pas du tout qu'il s'agit d'un open bar et que tous les soignants testés positifs peuvent travailler à leur guise, comme si de rien n'était.
Dans le second cas de figure, vous voulez réintégrer des soignants qui ne sont pas vaccinés, dont je rappelle qu'ils sont très peu nombreux. Mais il s'agit là d'une réintégration dans la durée, madame Le Pen. Cela veut dire que, dans la durée, vous acceptez que l'hôpital soit exposé à des situations potentiellement critiques, y compris en dehors du pic des vagues épidémiques qui imposerait une très forte tension.
Ce sont deux situations différentes que nous abordons avec pragmatisme et de façon individualisée, comme nous l'avons fait depuis le début de la gestion de cette crise sanitaire, encore une fois, que cela vous satisfasse ou non.