Intervention de Philippe Gosselin

Séance en hémicycle du jeudi 6 janvier 2022 à 15h00
Avenir institutionnel et politique de la nouvelle-calédonie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Gosselin :

Chers amis néo-calédoniens, qui nous écoutez ou écouterez un peu plus tard, un cycle de plus de trente ans, qui a débuté avec les accords de Matignon en 1988 et s'est poursuivi avec celui de Nouméa en 1998, s'achève en ce moment. Une page nouvelle – mais très loin d'être vierge – s'ouvre, et elle reste à écrire. Le Parlement, ne l'oublions pas, y aura toute sa part ! Il était donc important que nous nous retrouvions aujourd'hui.

Ces accords, ainsi que les différentes dispositions inscrites au titre XIII de la Constitution, vont bientôt être caducs, mais ils resteront des fondations solides. Ces dispositions prévoyaient notamment trois référendums permettant de déterminer l'accession ou non à la pleine souveraineté de cette terre de France de l'océan Pacifique. Le dernier, qui a eu lieu le 12 décembre dernier, s'est tenu dans un contexte particulier, sur les plans tant politique qu'économique et sanitaire.

Que ce soit en tant que député de la nation, dont les habitants de la Nouvelle-Calédonie sont des membres chéris, ou en tant que président de la mission parlementaire sur l'avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie, je tiens à saluer le bon déroulement global de ce scrutin et à souligner que l'organisation matérielle du processus électoral a été respectée, y compris par des élus qui appelaient au boycott. Je regrette néanmoins, évidemment, une faible participation – 44 % seulement.

Les électrices et les électeurs néo-calédoniens ont donc largement exprimé – à près de 97 % – leur volonté de rester dans le cadre français. Bien sûr, ce résultat est commenté et même contesté. Mais il est là ! Sa légalité n'est pas en cause. Pour la troisième fois, de façon répétée et continue, le choix de la France est affirmé : il est réaffirmé. Le groupe Les Républicains salue ce résultat, qui nous oblige collectivement. Il est pourtant bien loin de régler toutes les questions qui se posent et ne manqueront pas de se poser.

Plus que jamais, la nécessité se trouve affirmée de travailler ensemble, en rassemblant dans les mois qui viennent la totalité des acteurs, politiques, bien sûr, mais aussi économiques et sociaux, et donc l'ensemble des forces vives de la population néo-calédonienne, notamment en vue du référendum de juin 2023. Ces mois sont précieux, très précieux ; mais ils ne sont pas non plus sans danger ni piège. Alors soyons collectivement attentifs et vigilants.

Tout en laissant un peu de temps au temps et compte tenu de la période électorale des prochains mois, il s'agit d'assurer le respect du vote, bien sûr, mais aussi le respect mutuel des différents acteurs, qui doivent se porter une confiance nécessaire, ainsi que la sérénité et l'équilibre de ce beau territoire. Sans aucun doute, depuis 1853, les relations anciennes entre la France et la Nouvelle-Calédonie ont été faites de hauts et de bas, d'« ombres » et de « lumière », comme l'indique à juste titre le préambule de l'accord de Nouméa. Nul ne peut oublier qu'il y avait bien un peuple premier, qui possède des droits indéniables, « inaliénables et sacrés », pour reprendre, en se gardant de tout anachronisme, la formule du préambule de notre Déclaration des droits de l'homme et du citoyen.

Nul ne peut non plus oublier qu'une autre histoire, liée en partie à l'histoire du bagne, est la source d'une autre culture, enrichie depuis lors par d'autres apports, nombreux et divers, et dont les droits sont tout aussi indéniables, « inaliénables et sacrés ». En Nouvelle-Calédonie plus qu'ailleurs, l'universalité française s'exprime dans sa diversité.

« Ombres » et « lumière » : ce fut bien sûr encore le cas au début de la décennie 1980. Il y eut alors des tensions, des rancœurs et, fort malheureusement, des morts, mais aussi de vrais espoirs et des réconciliations, incarnés par Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur ; ces pères fondateurs d'une Nouvelle-Calédonie tournée vers l'avenir figurent bien au panthéon de l'archipel, et nous sommes tous, chacun avec sa sensibilité, les héritiers de leur testament de paix et de respect.

Le contexte actuel, qu'il soit local ou international, n'est plus celui des années 1980. La Nouvelle-Zélande et l'Australie, notamment, voyaient alors d'un très mauvais œil la présence de la France dans la région, non d'ailleurs sans certaines arrière-pensées.

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