Aucun des signataires de l'accord de Nouméa, encore en vie, avec lesquels j'ai pu discuter – qu'ils soient indépendantistes ou non – n'imaginait à l'époque que nous irions jusqu'au troisième référendum et que nous serions confrontés à une situation aussi clivée.
Je l'ai dit tout à l'heure, je ne confonds pas légalité et légitimité. Le résultat du 12 décembre, avec un « non » à 97 %, est légal mais, de toute évidence, il ne faut pas le surinterpréter – le Gouvernement ne le fera jamais, je vous en donne ma parole et m'y engage.
Je note au passage que ce vote est intéressant du point de vue de la cartographie puisque, comme l'a dit tout à l'heure le député Gomès, la carte de l'abstention le 12 décembre correspond globalement à la carte du vote « oui » lors des premier et deuxième référendums.
Depuis le 12 décembre, ma parole est plus libre. Or la réalité – pour avoir mené de nombreuses consultations –, c'est que, au fond, plus personne ne voulait de cet affrontement binaire entre le « oui » et le non ». Cela ne veut pas dire pour autant que l'aspiration à l'indépendance avait diminué chez les uns et que la volonté de rester dans la République avait diminué chez les autres.
L'accord de Nouméa avait été conçu en prenant en considération de nombreux facteurs, que j'ai rappelés tout à l'heure – une volonté de rééquilibrage, par exemple –, mais personne ne pensait que ce processus aboutirait à un scénario aussi figé.
Demain, les historiens et les observateurs se demanderont peut-être si le Gouvernement ou les parlementaires, dans le cadre de cette législature, n'auraient pas pu imaginer de nouvelles pistes pour sortir de cette situation, notamment entre le premier et le deuxième référendum, puis entre le deuxième et le troisième.
Quant à moi, je m'y suis efforcé à mon niveau au lendemain du deuxième référendum mais, au fond, tout le monde s'accordait à dire, notamment lors des discussions dites de Leprédour, restées confidentielles et qui ont duré huit heures, que malheureusement, le mécanisme étant déjà largement enclenché, on n'arriverait pas à en sortir.
Il faut désormais être respectueux des aspirations de chacun et, je l'ai dit lors de la discussion générale, je ne sens chez personne sur place la volonté de maintenir un statu quo et de figer les choses, personne ne demandant non plus que la Nouvelle-Calédonie devienne un conseil régional dans la République. Il faudra repartir avec beaucoup de prudence et beaucoup de sagesse au début du prochain quinquennat pour mener des discussions à la hauteur de ce qu'ont été l'accord de Matignon en 1988 et l'accord de Nouméa en 1998, en tenant compte du fait que la réponse du corps électoral a tout de même été, trois fois de suite de manière différente, le maintien dans la République.