Il y a un mois quasiment jour pour jour, la majorité et le groupe Les Républicains ont refusé de réserver une suite favorable à la proposition de résolution européenne relative au financement de la transition écologique que notre groupe défendait. Nous demandions au gouvernement français d'œuvrer, à l'occasion de la présidence de l'Union européenne, pour une réforme très pragmatique du pacte de stabilité et de croissance, consistant à soustraire du calcul du déficit les dépenses d'investissement dans la transition écologique.
Nous considérons en effet que les budgets sont aujourd'hui beaucoup trop contraints pour permettre à la France et à l'Europe de tenir leurs engagements en matière environnementale et qu'ils sont bridés par un cadre européen inadapté aux enjeux actuels. L'atteinte de la neutralité carbone à l'horizon 2050 exige en effet de mobiliser des moyens financiers bien supérieurs à ceux qui sont actuellement sur la table. Le développement des infrastructures de transport ferroviaire et fluvial, l'accélération de la rénovation énergétique du parc immobilier public et privé, les mesures de soutien à la transformation de notre modèle agricole, l'investissement dans les technologies d'avenir en matière énergétique, l'adaptation de nos territoires au changement climatique et la protection de la biodiversité nécessitent des moyens considérables. Tout cela ne peut se concrétiser, au-delà des intentions politiques, qu'avec les moyens financiers que nous appelons de nos vœux et qui – vous le savez, madame la secrétaire d'État – se chiffrent à plusieurs dizaines de milliards d'euros supplémentaires chaque année.
En France, budget après budget et en dépit du plan de relance, nous restons en deçà des besoins. Le Haut Conseil pour le climat (HCC) l'a redit en décembre dernier : la France est en retard sur sa trajectoire de réduction d'émissions et notamment sur l'objectif, déjà obsolète, d'une réduction de 40 % de celles-ci d'ici 2030. L'accumulation sans fin de mesures disparates, qui aura constitué l'essentiel de la politique du Gouvernement depuis cinq ans, trouve ici sa limite, madame la secrétaire d'État.
Au total, la déclinaison de vos engagements est également prise en défaut, y compris au plan local. Votre action et votre inaction, au cœur des territoires, contredisent vos discours. Dans la seule métropole de Rouen, que je connais relativement bien, voici en effet ce qu'a donné l'écologie de résultat défendue tout à l'heure par notre collègue Waserman : un incendie industriel majeur, celui de Lubrizol, dont vous n'avez pas voulu tirer toutes les conséquences en renforçant, d'une façon qui aurait été sans précédent, la surveillance et le contrôle des installations classées à risque pour la santé des populations et la préservation de l'environnement et de la biodiversité. Citons aussi Chapelle-Darblay, une entreprise unique pour l'économie circulaire dans la filière papier-carton, que vous laissez disparaître sans parvenir à imposer une stratégie d'État face aux groupes privés, tirant ainsi un trait sur l'emploi et le bon usage des ressources à recycler. Citons enfin un projet de contournement autoroutier payant pour les usagers, qui va artificialiser plus de 500 hectares de sols et produire plus de 50 000 tonnes de CO
Voilà notre sentiment, madame la secrétaire d'État, exprimé de façon abrupte, sur le bilan de votre politique du global au local. Quelle que soit l'échelle à laquelle vous le déployez, le libéralisme ne peut qu'avoir l'écologie honteuse, comme il a l'emploi et la santé honteux.