Le projet de loi en faveur de l'activité professionnelle indépendante est un texte important tant notre marché du travail et certains secteurs d'activité rencontrent des difficultés. Nous nous apprêtons à légiférer pour près de 3 millions de travailleuses et de travailleurs indépendants. Qu'ils ou elles soient artisans, commerçantes ou commerçants, de profession libérale, agricultrices ou agriculteurs, travailleurs des plateformes, ces entrepreneurs ont choisi de prendre leur risque. En 2020, plus de 840 000 entreprises ont été créées, soit 4 % de plus qu'en 2019. Nous leur devons protection et accompagnement.
Derrière le terme « indépendants » se cachent des situations et des professions très diverses. Nombreuses et nombreux sont ceux qui subissent très durement, depuis près de deux ans, les effets de la crise sanitaire. Nous savions déjà qu'ils étaient particulièrement sensibles aux aléas économiques, la crise du covid-19 l'a une fois de plus démontré en aggravant leur situation. Je pense aux travailleurs des secteurs de l'hôtellerie-restauration, de l'événementiel, du sport et de la culture, qui, pour certains, se retrouvent en grande difficulté financière. Plus que jamais, leur besoin en protection sociale est criant, et les lacunes de leur couverture actuelle ne sont plus acceptables.
En créant un statut unique et une meilleure protection sociale, ce texte leur permet d'être protégés au moment de la création d'entreprise et accompagnés tout au long du déploiement de leur activité. Au-delà, il va surtout permettre de simplifier les différents statuts des entrepreneurs en apportant une meilleure lisibilité, de rénover le cadre juridique de l'exercice d'activités artisanales, de faciliter la transmission de l'entreprise, de simplifier le financement de la formation professionnelle, et d'élargir les conditions d'accès à l'allocation des travailleurs indépendants.
Ces mesures sont indispensables pour que les jeunes générations puissent créer, s'installer ou reprendre les activités dans de bonnes conditions. Il s'agit de préserver nos savoir-faire et d'assurer la pérennité de notre tissu économique. Les enjeux sont multiples pour nos territoires et leurs acteurs. Jour après jour, nous sommes mobilisés pour favoriser l'implantation de commerçants dans nos centres-villes et centres-bourgs pour conserver et permettre l'activité économique. Jour après jour, nous œuvrons afin que plus de Françaises et de Français s'engagent dans les métiers du bâtiment en développement constant. Jour après jour, nous sommes confrontés aux défis de la démographie des professions agricoles et nous nous battons pour que les exploitations soient transmises et qu'elles ne disparaissent pas.
Dans nos territoires, où l'activité des indépendants est aussi fondamentale que leur survie elle-même, nous redoublons d'efforts pour que celles et ceux qui sont engagés dans les activités de service poursuivent leurs actions. Protéger les indépendantes et indépendants, c'est sécuriser les activités existantes, mais c'est aussi envoyer un message clair à celles et ceux qui craignent de s'installer. L'objectif du texte est de leur apporter de nouveaux droits sociaux.
Selon l'article 1er du projet de loi, toute personne physique exerçant une activité professionnelle indépendante ne répondrait plus, en principe, de ses dettes professionnelles que sur son patrimoine professionnel, ce dernier pouvant faire l'objet d'une transmission universelle entre vifs, y compris sous la forme d'un apport en société. Les entrepreneurs individuels seraient ainsi titulaires de deux patrimoines : l'un professionnel, l'autre personnel qui serait insaisissable en cas de défaillance alors qu'aujourd'hui seule la résidence principale est protégée.
La protection du patrimoine personnel est une préoccupation de longue date des indépendants, notamment des agricultrices et agriculteurs de ma circonscription. J'ai déposé un amendement visant à ce que le patrimoine personnel des exploitants individuels exerçant une activité agricole, lorsqu'il fait l'objet d'une procédure de surendettement, puisse bénéficier de dérogations spécifiques. Il s'agit de ne pas forcer la vente des biens immobiliers s'il y en a, et de permettre la réalisation d'un échéancier sur quinze ans.