…exposés dans des publications, notamment de l'INRAE. Certaines d'entre elles sont déjà anciennes mais ont sans cesse été confirmées depuis par d'autres études qui attestent de l'existence de solutions alternatives – je l'ai déjà expliqué.
Par ailleurs, vous dites que vous avez fait beaucoup en la matière, par exemple que vous avez multiplié par vingt le nombre d'exploitations labellisées HVE, haute valeur environnementale. Voilà un aveu qui symbolise bien votre politique : de l'affichage mais rien de concret. Je rappelle en effet que l'attribution de ce label n'est assortie d'aucune exigence en matière de réduction de l'usage des pesticides – vous le savez bien.
S'agissant du non-travail du sol, je vous signale qu'il est également possible dans le cadre de l'agriculture biologique.
J'en arrive aux effets sur le bilan carbone, un argument souvent opposé à notre proposition. Monsieur le ministre, pouvez-vous m'affirmer que la fabrication du glyphosate lui-même ne nécessite ni énergie ni émission de carbone ? Si vous souhaitez dresser un bilan carbone lié à l'usage du glyphosate, ne glissons pas sous le tapis la moitié de ce bilan en ignorant que la production de glyphosate entraîne elle-même des émissions massives de carbone.
Plusieurs députés, dont M. Chassaigne, ont évoqué l'agriculture de conservation. Or on ne peut qualifier d'écologique une telle pratique dans la mesure où elle suppose le recours au glyphosate. Les techniques de non-travail du sol, je l'ai dit, existent depuis longtemps, et sans usage de cet herbicide. C'est vrai, elles reposent aujourd'hui sur le savoir et le savoir-faire agronomiques qui font la fierté de nos agriculteurs. Certes, elles demandent un peu plus de travail humain. Mais qui s'en plaindra alors que nous avons perdu 350 000 actifs agricoles en quinze ans ?
Oui, nous plaidons pour une agriculture intensive, aussi bien sur le plan de la main-d'œuvre que de l'intelligence, alors que vous plaidez pour le maintien d'un modèle intensif sur le plan de la chimie qui, en outre, ne rémunère pas nos agriculteurs.
J'ajouterai une précision, notamment à l'intention de M. Herth. On nous dit que tout doit se décider au niveau européen. Or je tiens tout d'abord à rappeler les manœuvres de la France afin de ne pas trop encourager une sortie du glyphosate au niveau européen. Mais, d'autre part, si l'Europe décide, dans les prochains mois, d'une sortie du glyphosate – puisque c'est au niveau européen que tout se joue –, comment nous y préparez-vous ? Personne ne peut me répondre car personne ne s'y est préparé.
Personne n'a envisagé, en cas de sortie globale du glyphosate, de solution alternative ni d'accompagnement alors que nous formulons des propositions en la matière. Je pense notamment au protectionnisme solidaire que nous appelons de nos vœux parce que la fierté du travail de nos paysans, mais surtout la préservation de leurs revenus et la pérennisation de leurs exploitations sont au cœur de nos préoccupations.