Les propos de Philippe Gosselin et les autres interventions font ressortir une extrême émotion. Non seulement ce conflit fut une boucherie, comme chacun le sait, mais il a mis en exergue les différences de traitement, y compris dans la mobilisation. Il ne s'agit pas de faire offense à notre territoire, mais dans le village dont j'ai été le maire figurent quatre-vingt-quatre noms sur le monument aux morts, pour une population de 600 habitants à l'époque – on mobilisa jusqu'aux pères de quatre enfants. Dans notre territoire, comme dans d'autres endroits, à l'instar de celui évoqué par Philippe Gosselin, nous avons vécu des situations d'injustice liées à ceux que l'on appelle « les fusillés pour l'exemple ».
Un excellent documentaire, provenant de chez nous, évoque l'histoire vraie d'un jeune qui a été fusillé – comme beaucoup d'autres – car, victime d'acouphènes et ne parlant pas français, il ne comprenait pas les ordres du commandement. Ce n'est pas au nom de quelques-uns que l'Assemblée nationale doit se défausser de sa responsabilité morale et historique devant ce que l'on peut considérer – de manière flagrante – comme une injustice, comme des exécutions sommaires qui, aujourd'hui comme hier, pendant la guerre de 1914, ne sont pas justifiables.
Les débats de 1916, qui ont fait l'objet d'un consensus entre conservateurs et socialistes, témoignent de l'extrême émotion d'alors. Aujourd'hui, au XXI